En 2025, les plus de 236 000 frontaliers français travaillant en Suisse doivent déclarer leurs revenus perçus en 2024 à l’administration fiscale française. Même ceux déjà soumis au prélèvement à la source par les autorités suisses sont concernés par cette obligation annuelle.
L’administration française précise que cette déclaration fiscale s’impose à tous les résidents de l’Hexagone, quelle que soit leur nationalité ou leur régime fiscal dans le pays voisin. Aucun travailleur frontalier n’y échappe, qu’il soit exonéré à Genève ou employé dans une organisation internationale.
La campagne de déclaration a débuté le 10 avril 2025. Elle concerne l’ensemble des contribuables domiciliés en France, y compris les travailleurs transfrontaliers en Suisse. Ces derniers, malgré un prélèvement à la source dans certains cantons comme Genève, doivent également remplir une déclaration de revenus auprès du fisc français. Ce principe a été rappelé par La Tribune de Genève, qui précise que 115 000 frontaliers environ sont concernés rien que dans le canton de Genève.
Des échéances précises à respecter selon le mode et le lieu de déclaration
Les contribuables ont jusqu’au 20 mai pour déposer leur déclaration fiscale en version papier. Ceux qui choisissent la voie numérique disposent de délais variables selon leur département de résidence. La date limite est fixée au 22 mai à 23h59 pour l’Ain, au 28 mai à 23h59 pour le Jura et le Doubs, et au 5 juin à 23h59 pour la Haute-Savoie.
Ces dates doivent être respectées avec rigueur, sous peine de taxation d’office. Le site de l’administration fiscale recommande vivement aux contribuables de les noter dans leur agenda.
La déclaration est également obligatoire pour ceux qui travaillent en Suisse mais résident en France, y compris les frontaliers exonérés d’impôt à Genève, les employés d’organisations internationales ou d’ONG. Ces contribuables ne sont pas soumis à une double imposition, mais doivent déclarer leurs revenus en France.
Un barème revalorisé et de nouvelles règles d’imposition
La déclaration 2025 intègre plusieurs nouveautés. D’abord, le barème de l’impôt sur le revenu est revalorisé de 1,8 % afin de neutraliser les effets de l’inflation sur les foyers fiscaux, comme l’ont expliqué les Finances publiques françaises. Cette mesure vise à éviter que des hausses de revenus liées à l’inflation ne rendent certains contribuables imposables à tort.
Autre changement : à partir du 1er septembre, le prélèvement à la source sera individualisé pour les couples mariés ou pacsés, sauf choix explicite pour le maintien du taux global. Cette modification ne modifie pas le montant total dû, mais répartit différemment la charge fiscale entre les deux membres du foyer. Cette réforme, automatique si aucune démarche n’est effectuée, marque un tournant dans la gestion du prélèvement à la source.
Enfin, les contribuables ayant déclaré en ligne en 2024 ne recevront plus leur formulaire papier. Le fisc impose également une déclaration spécifique d’occupation des biens immobiliers situés en France.
Cette obligation s’applique à tous les propriétaires, notamment si le bien est occupé par eux-mêmes, des locataires ou des membres de leur famille, ou s’ils louent une résidence secondaire ou en disposent sans en être propriétaires.
Taux de change, déductions et vigilance accrue contre la fraude
Pour convertir les revenus perçus en francs suisses, le fisc utilise un taux annuel moyen de 1,07 euro pour 1 franc suisse. Cette conversion s’effectue automatiquement dans la déclaration en ligne.
Les contribuables peuvent cependant demander l’utilisation du taux en vigueur les jours de perception de leur salaire, s’il leur est plus favorable. Ils doivent alors justifier leur calcul avec les données de la Banque de France et adresser une réclamation contentieuse au service des impôts.
Certaines charges sont déductibles, notamment les primes d’assurance maladie, qu’elles soient versées à la Sécurité sociale française ou à une assurance privée suisse. Les frais professionnels peuvent aussi être déduits s’ils sont liés directement à l’activité (transport, repas), à condition d’être documentés. Sinon, un abattement forfaitaire de 10 % est automatiquement appliqué.
L’administration fiscale française intensifie en parallèle la lutte contre la fraude. Marie-Hélène Hérou-Desbiolles, directrice des Finances publiques de la Haute-Savoie, a souligné lors d’une conférence de presse à Annecy, le 11 avril, l’ampleur croissante de la fraude fiscale.
Elle concerne aussi bien les déclarations erronées que les demandes de remboursements injustifiés. Sans fournir de chiffres pour son département, elle a annoncé une communication ultérieure à ce sujet. Selon une estimation relayée par Les Échos, les pertes pour les finances publiques pourraient atteindre entre 7 et 27 milliards d’euros par an, uniquement sur les impôts sur le revenu, la fortune, les successions, les donations et les impôts locaux.








