La fraude dans les transports publics suisses est en forte hausse depuis quelques années. En 2024, plus d’un million de cas de fraude ont été enregistrés, un chiffre qui marque une explosion par rapport aux années précédentes. Selon les données de l’Alliance SwissPass, cette situation a entraîné une perte estimée à 200 millions de francs pour les entreprises de transport.
Ces pertes, qui n’incluent pas les cas non détectés, mettent en lumière l’ampleur du phénomène, avec des fraudeurs qui se multiplient à un rythme inquiétant. En un an, les infractions ont augmenté de 10 %, et une part importante de celles-ci échappe encore aux contrôles, ce qui accentue la difficulté de lutter contre cette fraude, explique Watson.
Les chiffres sont clairs. 47 % des fraudeurs ont été pris en flagrant délit à plusieurs reprises. Ce n’est donc plus un simple oubli occasionnel, mais bien une pratique récurrente pour une large part de la population. Ces récidivistes contribuent de manière significative à l’augmentation des pertes financières.
Une surreprésentation des jeunes fraudeurs
Une caractéristique marquante de cette fraude est la présence importante de jeunes parmi les contrevenants. En effet, 35 % des fraudeurs recensés en 2024 sont des jeunes de moins de 26 ans. Ce phénomène soulève plusieurs questions sur la perception des règles et des sanctions au sein de cette tranche d’âge.
Les jeunes semblent plus enclins à prendre des risques, en partie en raison de la recherche d’un transport plus abordable, mais aussi en raison d’une prise de risque plus élevée vis-à-vis des amendes et des contrôles. Ce phénomène s’inscrit dans un contexte plus large, où la perception des règles sociales et des amendes évolue, notamment parmi les plus jeunes, selon les chiffres relayés par 20 Minutes.
Les sanctions, bien que dissuasives, ne semblent pas suffire à endiguer ce phénomène, puisque ces jeunes continuent à être surreprésentés parmi les fraudeurs. Les amendes augmentent avec les récidives, allant jusqu’à 170 francs pour les récidivistes, mais ces sanctions n’empêchent visiblement pas une large proportion de jeunes d’ignorer les règles.
Le renforcement des contrôles et les conséquences juridiques
Face à l’ampleur de la fraude, les entreprises de transport publiques en Suisse renforcent leurs contrôles. Chaque fraudeur détecté sans titre de transport valable est inscrit dans le registre national des resquilleurs. Ceux qui ne commettent aucune nouvelle infraction pendant deux ans voient leur nom effacé, tandis que les récidivistes s’exposent à des amendes de plus en plus lourdes, pouvant aller jusqu’à 170 francs après la troisième infraction, rapporte Watson.
En cas de récidive répétée, la procédure peut conduire à une plainte pénale, comme l’illustre l’exemple de CarPostal, qui a déposé près de 15 000 plaintes pénales pour fraude l’année dernière.
Bien que le nombre de contrôles ait été renforcé, le système reste confronté à des défis de taille. Certaines entreprises régionales, comme les Transports lausannois, ne procèdent plus à des contrôles de certaines catégories de voyageurs, ce qui permet à une partie des fraudeurs d’échapper aux sanctions, souligne 20 Minutes. Cette situation suggère un manque de cohérence dans l’application des règles à travers le pays, et soulève la question de l’efficacité des mesures actuellement en place.