L’évolution du franc suisse est scrutée de près par les investisseurs et les économistes. Face aux turbulences économiques mondiales, il est généralement attendu que la monnaie helvétique se renforce. Pourtant, depuis le début de l’année, elle s’affaiblit face à l’euro. Cette tendance soulève des questions sur l’influence des politiques monétaires et des interventions de la BNS.
La conjoncture économique mondiale actuelle, marquée par les politiques protectionnistes américaines et des incertitudes en Europe, aurait pu entraîner une appréciation du franc suisse. Or, les marchés financiers ne suivent pas ce schéma classique. Plusieurs analystes avancent des explications liées aux décisions des banques centrales et aux stratégies des investisseurs.
Un franc suisse en recul malgré son statut de valeur refuge
En période d’instabilité, les investisseurs ont historiquement tendance à se tourner vers le franc suisse pour sécuriser leur capital. Pourtant, alors que les marchés sont secoués par les tensions économiques entre les États-Unis et la Chine, ainsi que par la politique commerciale de Donald Trump, le franc ne s’apprécie pas face à l’euro.
Selon Fabienne Hockenjos, responsable des placements à la Banque cantonale de Bâle-Campagne, cette tendance pourrait s’expliquer par un essoufflement de « l’effet Trump », qui avait initialement renforcé la volatilité des marchés. Thomas Stucki, chef des placements à la Banque cantonale de Saint-Gall, souligne pour sa part que les investisseurs ne cèdent pas à la panique et semblent avoir intégré ces incertitudes dans leurs stratégies.
Blick rapporte ainsi que, malgré un contexte global incertain, les marchés européens affichent une bonne santé relative, avec une progression notable des indices boursiers comme le SMI et le DAX.
L’intervention discrète de la Banque nationale suisse
L’affaiblissement du franc suisse pourrait être lié aux interventions de la Banque nationale suisse. Selon plusieurs analystes, la BNS aurait repris ses achats de devises étrangères pour contenir l’appréciation de la monnaie helvétique et soutenir la compétitivité des entreprises suisses à l’exportation.
La média explique que certains experts anticipent une baisse des taux d’intérêt de la BNS à zéro d’ici la moitié de l’année. Pour éviter un passage en territoire négatif, l’institution pourrait être contrainte d’accentuer ses achats de devises.
Une telle politique monétaire ne serait pas sans risque, car elle pourrait exposer la Suisse à des accusations de manipulation monétaire de la part des États-Unis. L’administration Trump a déjà exprimé des critiques à l’encontre de pays adoptant ce type de stratégie.
L’or profite de l’incertitude, contrairement au pétrole et aux cryptomonnaies
Dans un contexte marqué par la prudence des investisseurs, l’or continue d’attirer les capitaux et affiche une progression d’environ 9 % depuis le début de l’année. Selon Thomas Stucki, cette dynamique s’explique en partie par les achats des banques centrales de pays émergents, qui cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis du dollar américain.
À l’inverse, le pétrole affiche une tendance à la baisse, ce qui pourrait s’expliquer par les incertitudes économiques aux États-Unis et une baisse de la confiance des consommateurs. Les cryptomonnaies, elles aussi, semblent marquer le pas, avec des fluctuations importantes et une tendance générale au recul. Blick souligne que, dans un contexte aussi volatil, certains investisseurs préfèrent se tourner vers des valeurs plus sûres comme l’or.
