Le franc suisse pourrait grimper à nouveau, entraînant les actions helvétiques

Les tensions géopolitiques et économiques accentuent la volatilité des marchés. Valeur refuge, le franc suisse se renforce, stimulant les performances des entreprises helvétiques cotées en bourse.

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Franc suisse
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L’économie mondiale fait face à une période d’instabilité, marquée par la politique protectionniste de l’administration américaine et les tensions commerciales. Les tarifs douaniers imposés par Washington et les décisions imprévisibles du président des États-Unis ont contribué à ralentir les investissements des entreprises. Selon Arthur Jurus, responsable des investissements chez ODDO BHF Suisse, cette situation a conduit à une révision des prévisions de croissance américaines, désormais estimées à 2 % au lieu de 2,3 %. Si le pays semble échapper à la récession, cette baisse reflète un climat d’incertitude pesant sur les marchés.

Dans ce contexte, l’Europe tente de réagir. Un plan d’investissement de 800 milliards d’euros dans l’armement et les infrastructures a été mis en place par l’Union européenne. Cet effort pourrait stimuler l’activité économique à court terme, mais Anton Sussland, conseiller en investissement, avertit que cette mesure ne suffira pas à résoudre les problèmes structurels du continent, notamment un chômage élevé et une fiscalité contraignante. Pendant ce temps, la Suisse, dont l’économie diversifiée repose sur des industries variées comme l’horlogerie, la pharmaceutique et l’alimentation, semble mieux résister aux turbulences mondiales.

Un franc suisse renforcé par l’instabilité des marchés

Longtemps resté stable malgré les turbulences internationales, le franc suisse semble désormais en voie d’appréciation. Après être passé de 0,94 à 0,96 pour un euro, il pourrait remonter à 0,92 d’ici la fin de l’année, selon Daniel Varela, directeur des investissements chez Piguet Galland. De son côté, Arthur Jurus vise une cible encore plus optimiste à 0,88 pour un euro, mettant en avant la solidité du tissu économique helvétique.

L’une des raisons de cette progression tient à la politique américaine jugée instable. D’après la Tribune de Genève, le président des États-Unis multiplie les décisions contradictoires, certaines étant annulées dans les heures suivant leur annonce. Cette imprévisibilité génère des turbulences sur les marchés financiers, poussant les investisseurs à rechercher des actifs plus sûrs, à commencer par la devise helvétique.

Par ailleurs, le marché domestique américain reste solide, porté par un taux de chômage bas à 4,2 % et une consommation toujours dynamique. Toutefois, comme l’a souligné Daniel Varela dans les colonnes du quotidien suisse, les réformes économiques en cours ont entraîné des suppressions de postes dans la fonction publique fédérale, un élément qui pourrait peser à moyen terme. Le recul des prix du pétrole contribue néanmoins à maintenir le pouvoir d’achat des ménages, un facteur clé pour la croissance des États-Unis.

La Bourse suisse en pleine ascension

La hausse du franc suisse s’accompagne d’une dynamique positive sur les marchés financiers helvétiques. Les grandes entreprises cotées en bourse, à l’image de Nestlé, Roche ou Novartis, bénéficient d’un regain d’intérêt de la part des investisseurs internationaux. Selon les informations rapportées par le média genevois, Nestlé a enregistré une progression de 20 % depuis le début de l’année, après avoir été en retrait ces dernières années.

Arthur Jurus explique que la force du marché suisse repose sur sa structure défensive. De nombreux groupes helvétiques évoluent dans des secteurs peu sensibles aux cycles économiques, comme l’alimentation ou la pharmaceutique. Cette stabilité attire les capitaux étrangers, renforçant la demande pour la monnaie nationale.

En dehors des valeurs suisses, certains secteurs européens se démarquent également. Le danois Vestas, leader mondial des éoliennes, bénéficie des nouvelles politiques énergétiques en Allemagne, qui prévoient un renforcement des investissements dans les énergies renouvelables. Anton Sussland estime que la forte correction du titre, dont le cours a pratiquement été divisé par deux en un an, constitue une opportunité d’achat intéressante pour les investisseurs à la recherche de valeurs prometteuses.

L’or, refuge privilégié dans un contexte géopolitique incertain

Le renforcement du franc suisse s’inscrit dans une tendance plus large de retour vers les actifs refuges, dont l’or est le principal représentant. D’après la mêle source, le métal jaune vient d’atteindre un sommet historique à 3 000 dollars l’once, un niveau jamais observé auparavant. Daniel Varela attribue cette flambée à la modification des stratégies de réserve des banques centrales, certaines cherchant à réduire leur dépendance au dollar américain. La Chine et la Turquie figurent parmi les pays ayant augmenté leurs achats d’or, illustrant cette volonté de diversification.

Un autre facteur joue en faveur du métal précieux : l’inflation. Arthur Jurus rappelle dans les colonnes du quotidien suisse que l’évolution du prix de l’or est historiquement corrélée à 40 % avec l’inflation. Les barrières douanières imposées par les États-Unis pourraient accentuer cette pression sur les prix, rendant l’or encore plus attractif pour les investisseurs en quête de protection contre la hausse du coût de la vie.

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