Le franc suisse atteint son plus haut niveau face à l’euro en 2024

Le franc suisse poursuit sa montée en puissance face à l’euro, atteignant, le 10 décembre 2024, son niveau le plus élevé depuis le début de l’année. Cette situation ne peut que réjouir certains, notamment les travailleurs frontaliers et les consommateurs suisses.

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Franc Suisse
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La récente appréciation du franc suisse face à l’euro est notable. En date du 10 décembre 2024, le taux de conversion interbancaire a atteint un sommet, avec un euro équivalant à seulement 0,9258 franc suisse. Ce taux n’avait pas été observé depuis le 3 janvier 2024, et il semble que cette tendance se maintienne, avec des analystes prévoyant même une chute continue de l’euro dans les prochaines années. Certains experts estiment qu’à la fin de 2025, 1 euro pourrait être échangé contre 0,90 franc suisse, puis 0,85 en 2026 et 0,80 en 2027.

Ce renforcement du franc suisse est attribué à plusieurs facteurs, notamment son rôle de valeur refuge face aux tensions géopolitiques mondiales, telles que l’offensive djihadiste en Syrie, ainsi qu’à la crise politique traversée par la France. La Suisse, réputée pour sa stabilité économique, voit sa devise gagner en valeur dans un contexte international incertain, renforçant ainsi l’attrait de la monnaie helvétique.

Les avantages de la hausse du franc suisse pour les frontaliers et commerçants

L’appréciation du franc suisse a des conséquences directes pour de nombreux acteurs économiques, notamment les travailleurs frontaliers et les commerçants de la zone frontalière. Pour les frontaliers, ce renforcement du franc représente un gain direct sur leur pouvoir d’achat. Comme le rapporte La Tribune de Genève, par exemple, dans les bureaux de change comme celui de Migros, un taux de conversion de 0,9355 franc pour 1 euro a été observé, ce qui permet à un frontalier d’échanger 4 000 francs suisses contre 4 275 euros, soit une nette augmentation par rapport aux taux précédents. Cette hausse se traduit concrètement par une augmentation du salaire pour les travailleurs suisses résidant en France, ce qui est particulièrement apprécié à l’approche des fêtes de fin d’année.

Les commerçants de la zone frontalière, comme ceux de Pontarlier, bénéficient également de cette situation. Denis Gérôme, président des commerçants du Grand Pontarlier, souligne que l’afflux de consommateurs suisses dans les commerces locaux a considérablement augmenté. « Il y a des Suisses partout sur la zone commerciale d’Houtaud aujourd’hui ! On ne va pas cracher dessus », déclare-t-il, précisant que cette hausse profite directement à l’économie locale.

Cependant, cette situation favorable cache aussi des revers. Pour les frontaliers, si le salaire augmente, les charges fiscales et sociales risquent de s’alourdir, notamment pour ceux qui n’ont pas de prélèvement à la source dans leur canton de résidence. De plus, cette hausse pourrait entraîner une augmentation des primes d’assurance maladie pour ceux affiliés à la Sécurité sociale française (CMU), une situation qui pourrait alourdir leur quotidien. Ces éléments compliquent les prévisions fiscales pour l’année à venir, créant un équilibre fragile entre les bénéfices et les inconvénients de ce « franc fort ».

Une monnaie refuge, mais des perspectives incertaines

L’une des raisons de cette appréciation du franc suisse est son rôle traditionnel de « valeur refuge ». Les tensions internationales, notamment la crise en Syrie et l’instabilité politique en France, renforcent la demande pour cette monnaie stable, vue comme un gage de sécurité face aux incertitudes géopolitiques. Certains analystes prédisent que cette tendance pourrait continuer, avec une chute progressive de l’euro face au franc suisse, atteignant potentiellement un taux de 0,90 franc pour un euro d’ici la fin de 2025. Une telle situation offrirait encore plus d’avantages aux consommateurs suisses, mais pourrait également accentuer les difficultés fiscales et économiques pour les frontaliers.

Pour les commerçants de la région frontalière, cette dynamique est un cadeau de Noël anticipé, comme le souligne Denis Gérôme, mais il reste conscient que cette situation pourrait ne pas durer. En effet, la conjoncture économique fragile, avec des entreprises suisses en difficulté, pourrait rapidement inverser la tendance, comme l’indique la situation actuelle de l’industrie horlogère suisse.

Des effets secondaires à surveiller

Si le renforcement du franc est une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat des frontaliers, il comporte aussi des risques. En effet, cette hausse peut entraîner une augmentation des impôts et des primes d’assurance maladie pour les travailleurs frontaliers non soumis au prélèvement à la source. Michel Rivière, président de l’amicale des frontaliers de Morteau, exprime ses préoccupations à ce sujet et affirme que cela va compliquer la vie pour les déclarations d’impôts en France, en évoquant l’impact du taux de change sur la fiscalité.

La Banque nationale suisse (BNS) pourrait intervenir pour réguler cette dynamique, mais pour le moment, aucune action n’est envisagée. Si cette tendance se confirme, les frontaliers pourraient se retrouver confrontés à une situation fiscale plus complexe l’année prochaine, en raison de la hausse mécanique de leur salaire et de l’impact sur leurs impôts.

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