Malgré la hausse des frais administratifs des caisses maladie suisses, leur part dans les coûts totaux de la santé reste stable, représentant 4,9 % en moyenne. Cette stabilité masque toutefois des écarts significatifs entre petites et grandes caisses.
En parallèle, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) surveille de près les réserves des caisses, certaines ayant dû augmenter leurs primes pour compenser un manque de fonds. Si ces coûts administratifs semblent élevés, ils permettent néanmoins d’économiser des millions sur les prestations.
Une charge sous contrôle, mais en augmentation
En 2023, les assureurs suisses ont consacré 1,72 milliard de francs aux frais administratifs, un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes. Cependant, cette augmentation doit être relativisée. En proportion des coûts totaux de la santé, les frais administratifs sont restés stables, à environ 4,9 %. Felix Schneuwly, expert chez Comparis, rappelle que ces frais représentent une petite part des dépenses globales des caisses, malgré leur importance croissante en chiffres absolus.
Certains assureurs, notamment les plus petits, parviennent à maintenir des frais administratifs relativement bas. Par exemple, Klug et Krankenkasse Luzerner Hinterland enregistrent des dépenses comprises entre 100 et 126 francs par assuré et par an. Ces structures allégées bénéficient d’une organisation hiérarchique moins lourde, permettant une meilleure efficacité administrative par rapport aux grandes caisses, telles que Groupe Mutuel ou Swica, qui affichent des frais plus élevés, autour de 5 %.
Des frais historiquement en baisse malgré la pression des coûts
Malgré l’augmentation des frais par personne, passés de 153 francs en 2013 à 190 francs en 2023, soit une hausse de 20 %, les caisses ont globalement gagné en efficacité au fil des ans. En 1996, les frais administratifs représentaient 8,1 % des coûts totaux des assurances maladie, avant de chuter et de se stabiliser autour de 5 %. Cette baisse s’explique par une optimisation progressive des processus internes, notamment à travers un meilleur contrôle des factures.
Le Conseil fédéral, interrogé en juin dernier, a toutefois mis en garde contre les comparaisons trop directes entre les caisses. Les fluctuations dans le nombre d’assurés d’une petite caisse peuvent fortement affecter son ratio de frais administratifs, tandis que certaines améliorations dans le traitement des prestations peuvent également augmenter ces frais tout en réduisant globalement les coûts pour les assurés.
Des réserves sous pression : une hausse des primes à prévoir ?
Au-delà des coûts administratifs, la question des réserves financières des caisses est aussi au cœur des préoccupations. Plusieurs caisses maladie peinent à respecter les seuils de réserve fixés par l’OFSP. Parmi elles, la CSS, la plus grande caisse maladie du pays, dont les réserves ne représentaient que 84 % du montant requis en 2023. À l’inverse, Concordia affiche une situation bien plus confortable, avec un taux de 174 %.
Les caisses ayant des réserves insuffisantes sont généralement contraintes d’augmenter leurs primes l’année suivante pour retrouver des niveaux conformes à la réglementation. La CSS, par exemple, a déjà prévu une hausse des primes pour 2025 afin de rééquilibrer sa situation. L’OFSP continue de surveiller de près les caisses en difficulté pour éviter tout déséquilibre financier durable.