Les finances du fonds FORTA, chargé de financer les routes nationales suisses, se retrouvent dans une situation délicate. Après plusieurs années de gestion relativement stable, ses réserves ont diminué pour la première fois en 2024.
Cette baisse, associée à des choix politiques, pourrait entraîner une augmentation des taxes sur le carburant, ce qui interroge sur l’avenir de la fiscalité routière en Suisse. L’impact de cette évolution pourrait toucher aussi bien les automobilistes que les projets d’infrastructure routière nécessaires à l’entretien du réseau national.
Le fonds FORTA : une situation financière préoccupante
Le fonds FORTA, destiné à financer les infrastructures routières nationales et le trafic d’agglomération en Suisse, a vu ses réserves chuter en 2024 pour la première fois, passant de 3,83 à 3,67 milliards de francs; vient de rapporter Blick. Cette baisse est principalement due à deux facteurs : d’une part, les coûts élevés des projets d’infrastructure en cours et, d’autre part, la réduction des apports de la Confédération. En effet, selon la Fédération routière suisse (Routesuisse), le Conseil fédéral a pris la décision de diminuer de 100 millions de francs par an les contributions au fonds FORTA. Cette réduction représente environ 10 % des aménagements prévus, ce qui a provoqué une pression supplémentaire sur les finances du fonds.
Pour l’instant, cette baisse des réserves pourrait s’étendre au-delà de 2024, menaçant la stabilité financière de FORTA à long terme. Si cette tendance se poursuit, elle pourrait entraîner une hausse des taxes sur le carburant, selon les avertissements des experts. Olivier Fantino, directeur de Routesuisse, a d’ailleurs souligné que si la Confédération persiste dans ses réductions d’apports au fonds, une augmentation des taxes sur le carburant de 4 centimes par litre serait à prévoir dès 2028. Cette perspective soulève des interrogations, notamment sur l’impact de telles hausses sur les automobilistes et la société dans son ensemble.
Les défis de la sécurité routière et de la gestion du trafic
Si la situation financière du fonds FORTA est préoccupante, d’autres défis sont également au cœur des débats. Olivier Fantino a insisté sur le besoin de renforcer les « capacités supplémentaires » sur les autoroutes suisses, notamment pour assurer la sécurité des usagers. En effet, la Suisse fait face à une augmentation des embouteillages, ainsi qu’à un transfert du trafic vers les réseaux secondaires. Cette situation risque de diminuer la sécurité sur les routes, notamment en raison de la congestion accrue et des risques accrus d’accidents.
Il convient de noter que, malgré l’augmentation du trafic, des progrès considérables ont été réalisés ces dernières années en matière de sécurité routière. Routesuisse rapporte une baisse de 42,6 % du nombre d’accidents par véhicule-kilomètre et une réduction de 74,2 % des accidents mortels depuis 1995. Ces progrès ont été particulièrement notables sur le réseau des routes nationales, qui a enregistré une diminution plus importante du nombre d’accidents par rapport à l’ensemble du réseau routier. Cela reflète les efforts déployés pour améliorer la sécurité routière, même en période de forte croissance du trafic.
La question des émissions de CO2 liées au trafic routier est également sur la table. En 2023, le trafic privé en Suisse a émis environ 11,13 millions de tonnes de CO2, soit une réduction de 5 % par rapport à l’année précédente. Cette baisse des émissions de gaz à effet de serre est en partie liée aux efforts pour améliorer l’efficacité énergétique des véhicules. Selon les données, les émissions par véhicule-kilomètre ont diminué de 40,7 % depuis 1990, ce qui représente un progrès considérable dans la réduction de l’empreinte carbone du secteur des transports.