L’Espagne, destination touristique majeure, a vu se multiplier les manifestations contre les effets négatifs du tourisme de masse. Dans des régions comme Majorque et les Canaries, les habitants dénoncent une flambée des prix de l’immobilier, causée en partie par la conversion de logements privés en locations touristiques. Certaines familles locales peinent à trouver un toit et doivent parfois vivre dans des caravanes.
Pour répondre à cette situation, le gouvernement espagnol envisage une réforme fiscale visant les locations de courte durée. Ce projet s’inscrit dans un plan global destiné à favoriser la construction de logements publics et à réduire les pressions sur le marché immobilier.
Une réforme fiscale qui vise les plateformes de location et les investisseurs étrangers
Les hôtels espagnols sont actuellement soumis à une TVA de 10 %, directement facturée aux clients. En revanche, de nombreux propriétaires de logements touristiques échappent à cette taxe, en raison d’un statut fiscal plus avantageux. Cette situation est jugée inéquitable par les autorités. Comme l’a déclaré le président Pedro Sánchez : « Il n’est pas juste que ceux qui proposent trois, quatre ou cinq appartements en location de courte durée paient moins d’impôts que les hôtels ».
Pour corriger cette disparité, une nouvelle réglementation européenne obligera les plateformes de réservation comme Airbnb à collecter la TVA sur chaque location. Cela se traduira par une augmentation des tarifs pour les vacanciers au moment de la réservation.
En parallèle, une taxe pouvant atteindre 100 % sera imposée aux achats immobiliers effectués par des ressortissants non européens. Cette mesure vise à limiter les acquisitions spéculatives, qui représentent actuellement environ 20 % des transactions immobilières en Espagne. Rien qu’au premier semestre de l’année dernière, près de 70 000 biens immobiliers ont été achetés par des étrangers, contribuant à la pression sur le marché.
Ces nouvelles règles, qui devraient entrer en vigueur d’ici 2026, marquent un tournant dans la politique espagnole de gestion du tourisme et du logement. Le gouvernement espère ainsi concilier les besoins des habitants avec les impératifs économiques liés à l’attractivité touristique du pays.