En Suisse, les cantons jouissent d’une grande autonomie dans l’application des règles fédérales, ce qui entraîne des disparités notables en matière de libertés individuelles. Une récente étude menée par le groupe de réflexion libéral Avenir Suisse a analysé dans quelle mesure chaque canton protège et promeut ces libertés. La liberté d’acheter de l’alcool, de choisir son école ou d’obtenir un permis de construire sont autant de critères qui varient considérablement d’une région à l’autre.
Depuis six ans, cette étude inclut également la Principauté du Liechtenstein, élargissant ainsi le champ de l’évaluation pour comparer les libertés au-delà des frontières suisses. L’objectif de l’étude est de faire la lumière sur ces différences et de montrer quelles régions offrent le plus d’autonomie et de liberté à leurs habitants.
Les critères de l’étude : Un classement fondé sur des indicateurs multiples
L’étude d’Avenir Suisse repose sur l’analyse de 29 indicateurs distincts, couvrant un large éventail de dimensions économiques et sociales. Ces critères incluent des aspects aussi variés que la fiscalité, les règles sur la vente d’alcool, les horaires d’ouverture des commerces, ainsi que des questions plus sociales telles que la vidéosurveillance, la protection des non-fumeurs, le droit de manifester et la durée d’obtention du permis de construire.
Les indicateurs économiques mesurent, par exemple, la pression fiscale sur les entreprises, les régulations liées à l’hôtellerie-restauration, et les politiques de gestion des finances publiques. Un canton avec une fiscalité plus modérée ou des règles plus flexibles sur les horaires des commerces permettra à ses habitants une plus grande liberté dans leurs choix économiques. À l’inverse, les restrictions sur la vente d’alcool ou les conditions strictes pour l’ouverture de magasins peuvent réduire les libertés quotidiennes des citoyens.
D’un autre côté, les aspects sociaux mesurés dans l’étude incluent la protection de la vie privée, la possibilité de manifester librement et la séparation entre l’État et l’Église, un critère fondamental pour évaluer la liberté personnelle. Ces dimensions affectent directement la qualité de vie des citoyens, en influençant leur capacité à prendre des décisions individuelles sans intervention excessive de l’État.
Les résultats de l’étude : L’Argovie en tête, le Valais et Uri en bas du classement
Les résultats de l’étude mettent en lumière des disparités notables entre les cantons suisses. L’Argovie est désigné comme le canton le plus libre du pays, une position qu’il conserve depuis 2024 et qui se renforce cette année. Le canton se distingue particulièrement dans les sous-indices sociaux, où il occupe la première place grâce à sa séparation stricte entre l’État et l’Église, favorisant un environnement plus libéral pour ses citoyens. En outre, l’Argovie bénéficie d’une fiscalité avantageuse, notamment pour les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, et possède des finances publiques solides. Néanmoins, le canton reste confronté à des défis, comme une pression fiscale élevée sur les entreprises et un système de contrôle de l’endettement public relativement strict.
Dans le top 5, on trouve également des cantons comme Appenzell Rhodes-Extérieures, Schwytz et Schaffhouse, qui ont su trouver un équilibre favorable à la liberté économique et sociale de leurs résidents. Toutefois, la surprise vient de la place occupée par la Principauté de Liechtenstein, qui se classe cinquième avec un score de 57,1, bien que n’étant pas un canton suisse, elle reste une référence en matière de libertés individuelles.
À l’inverse, le Valais, qui occupait une place basse dans le classement, cède désormais la dernière position à Uri. Ce canton, situé au cœur des Alpes, a vu sa situation se détériorer cette année. Son score global de 40,8 points témoigne de cette chute, avec des restrictions accrues concernant la liberté économique et sociale. En particulier, les heures d’ouverture des magasins, déjà limitées, sont désormais perçues comme un frein à la liberté commerciale. De plus, la solvabilité du canton a été abaissée et la part de l’État dans l’économie a encore augmenté, un facteur jugé négatif par les auteurs de l’étude.
Néanmoins, certains progrès sont notables pour Uri. La pression fiscale effective sur les entreprises a diminué, un signe positif pour l’économie locale. De plus, le canton a enregistré une amélioration de son taux d’élucidation des crimes, ce qui peut être vu comme un indicateur de meilleure gestion des ressources publiques. Ces évolutions montrent que, malgré sa position en bas du classement, Uri est en train de prendre des mesures pour améliorer la liberté de ses habitants.








