Le financement de l’AVS est un sujet central des débats politiques en Suisse, notamment en raison des réformes envisagées pour répondre à la fois à l’augmentation des dépenses liées aux retraites et aux rentes. Avec un vieillissement de la population et des coûts qui continuent de croître, le système fait face à des pressions financières importantes.
En 2030, ce sont un peu plus de 8 milliards de francs qui seraient nécessaires pour financer les réformes de l’AVS, y compris la 13ᵉ rente et l’amélioration des rentes pour les couples mariés. Le Conseil des États est actuellement en pleine discussion pour déterminer comment financer ces dépenses, et plusieurs scénarios sont sur la table.
Les coûts des réformes de l’AVS : la nécessité d’une solution à long terme
Les coûts associés à la réforme de l’AVS sont désormais bien identifiés. D’ici à 2030, environ 4 à 5 milliards de francs par an seront nécessaires pour financer l’introduction de la 13ᵉ rente AVS. En parallèle, une initiative populaire du Centre réclame une amélioration des rentes pour les couples mariés, ce qui ajouterait environ 4 milliards supplémentaires. En tout, cela représente une augmentation des dépenses de plus de 8 milliards de francs d’ici à la fin de la décennie.
Pour faire face à ces enjeux, deux grandes options sont proposées pour garantir le financement de l’AVS. La commission sociale du Conseil des États se réunit régulièrement pour trouver un compromis sur la manière de financer ces réformes. La solution envisagée actuellement la plus probable est une combinaison de hausses de la TVA et de cotisations salariales. Selon Erich Ettlin, conseiller aux États du Centre, un modèle à deux niveaux pourrait voir la TVA augmenter de 0,5 point de pourcentage à partir de 2027, tandis que les cotisations salariales augmenteraient de 0,4 point. Ces ajustements devraient permettre de générer des recettes supplémentaires pour financer la 13ᵉ rente et les autres réformes nécessaires à la pérennité du système.
Le financement alternatif proposé par Esther Friedli : 10 milliards pour soutenir l’AVS
Dans ce contexte de discussions intenses, Esther Friedli, conseillère nationale de l’UDC, propose une approche différente, a rapporté Blick. Elle se montre particulièrement sceptique à l’égard de l’augmentation des cotisations salariales, qu’elle considère comme trop lourde pour la population active. Au lieu de cela, Friedli plaide pour un financement alternatif reposant sur le « pour cent démographique de la TVA », un mécanisme instauré en 1999 mais qui, jusqu’en 2019, n’a pas été entièrement affecté à l’AVS. Selon Esther Friedli, environ 10 milliards de francs ont ainsi été détournés du budget de l’AVS, une situation qu’elle juge injuste.
Friedli demande donc que ces 10 milliards soient reversés à l’AVS pour soutenir ses finances. Elle propose que cette somme soit restituée au cours des dix prochaines années, offrant ainsi un « coup de pouce » financier au système pour faire face aux défis à venir. Cette proposition s’inscrit dans un contexte où la pression pour trouver des solutions de financement efficaces est de plus en plus forte, tant au niveau politique qu’économique.
Pour la conseillère de l’UDC, l’enjeu n’est pas seulement financier, mais aussi de justice sociale. Elle souligne que cet argent a été détourné à des fins autres que l’AVS, ce qui met en péril la solidité de l’institution. Si cette somme était effectivement réintégrée dans le système, cela permettrait de soulager les finances de l’AVS, sans recourir à des augmentations fiscales qui pourraient pénaliser les travailleurs et les entreprises.
Les scénarios de financement en débat : TVA, cotisations et autres solutions
Au-delà des propositions de Friedli, plusieurs autres pistes sont en discussion pour financer les réformes de l’AVS. L’une des options est l’augmentation de la TVA, un levier qui permettrait de répartir l’effort financier de manière plus équitable, en incluant les retraités dans l’effort de financement. Le Conseil fédéral envisage une hausse temporaire de la TVA de 0,7 point de pourcentage, afin de répondre à court terme aux besoins de financement. Cette solution est soutenue par des membres du PLR, mais elle reste loin de faire l’unanimité.
Certains au sein de la commission estiment également que des ajustements pourraient être apportés à la contribution fédérale à l’AVS, actuellement fixée à 20,2% des dépenses annuelles. Le gouvernement envisage une baisse de cette contribution, ce qui suscite des inquiétudes quant à l’impact que cela pourrait avoir sur la stabilité à long terme du système.
D’autres propositions incluent une augmentation des impôts sur les produits du tabac, qui pourrait rapporter jusqu’à 300 millions de francs. Ce genre de solution serait cependant plus symbolique et ne permettrait pas de résoudre entièrement le problème du financement à long terme de l’AVS.