Le franc suisse liquide était au centre des discussions à Berne, où les élus se penchent sur son avenir face à la montée des paiements numériques. Twint, les cartes bancaires et les paiements sans contact gagnent du terrain, rendant les espèces de moins en moins utilisées.
Cette évolution inquiète certains parlementaires qui redoutent la disparition progressive de l’argent en liquide. La question divise : faut-il protéger l’accès aux espèces ou accompagner la transition vers une société sans cash ?
L’usage du cash en chute libre en Suisse
En Suisse, le franc liquide perd du terrain face aux moyens de paiement numériques, qui séduisent par leur rapidité et leur praticité. En 2022, seuls 21 % des paiements étaient encore effectués en liquide, contre 70 % en 2010, selon la Banque nationale suisse (BNS). Cette évolution est accentuée par le succès de Twint, l’application de paiement mobile des banques suisses, qui compte désormais 5 millions d’utilisateurs actifs.
Les distributeurs automatiques de billets sont en recul, rendant le cash moins accessible. Entre 2016 et 2022, leur nombre a chuté de 16 %, une tendance qui suit la baisse de la demande en espèces. Certains commerces commencent à limiter ou refuser les paiements en liquide, préférant les transactions par carte ou application mobile. Cette évolution ne fait pas l’unanimité : les défenseurs du cash y voient une menace pour l’autonomie financière et un risque accru d’exclusion pour certaines catégories de population, notamment les personnes âgées ou non bancarisées.
Un débat politique sur la souveraineté monétaire et l’inclusion financière
Face à ce déclin, plusieurs élus suisses s’inquiètent d’une possible disparition du franc liquide et plaident pour garantir son accessibilité. Le Conseil national débat actuellement d’une proposition visant à imposer aux commerces et aux banques de maintenir un accès au cash sur l’ensemble du territoire. Cette mesure vise à empêcher une dépendance totale aux paiements numériques, qui repose sur des infrastructures privées et pourrait limiter la souveraineté monétaire du pays.
Un autre enjeu est la protection des données personnelles. Contrairement aux paiements numériques, les transactions en espèces ne laissent pas de traces et ne sont pas exposées aux risques de piratage ou de surveillance des habitudes de consommation. Les espèces garantissent également un moyen de paiement fiable en cas de panne des infrastructures numériques, entraînant notamment les situations de blocage lors de cyberattaques ou de dysfonctionnements techniques.
Cependant, les partisans d’une transition accélérée vers une société sans cash estiment que le maintien des espèces génère des coûts élevés pour les commerces et les banques. Certains économistes rappellent que la gestion des billets et des pièces implique des frais logistiques et des risques de vol, tandis que les paiements électroniques réduisent ces contraintes. Le débat reste ouvert et pourrait déboucher sur un compromis permettant de concilier modernisation financière et garantie d’un accès minimal aux espèces.