Depuis la création de la Confédération suisse en 1848, la majorité des membres du gouvernement ont toujours été des juristes. Ce phénomène historique prend fin avec le départ de Viola Amherd, marquant ainsi la première fois que le Conseil fédéral sera dépourvu de tout expert en droit.
Cette évolution marque un tournant dans le fonctionnement du gouvernement suisse, mettant fin à une tradition de longue date. Le départ des juristes du Conseil fédéral entraîne des ajustements importants qui redéfinissent les bases du gouvernement suisse.
La place des juristes dans le Conseil fédéral : une tradition de longue date
Depuis la mise en place de la Constitution suisse en 1848, près de 60% des membres du Conseil fédéral étaient des juristes. Une tradition qui a perduré tout au long de l’histoire moderne de la Suisse. Cette forte représentation des juristes est liée à la nature même du rôle du Conseil fédéral, qui doit interpréter et appliquer les lois du pays. Dans cette logique, des compétences juridiques étaient souvent considérées comme un atout majeur pour ceux qui occupaient les plus hautes fonctions gouvernementales.
En effet, le droit a toujours été un pilier de la politique suisse, étant donné que les décisions du gouvernement se fondent sur des bases juridiques solides, que ce soit pour élaborer des lois ou pour appliquer des ordonnances. Ainsi, la présence de juristes au sein du gouvernement n’était pas seulement une tradition, mais aussi une nécessité fonctionnelle. Mais avec l’absence de juristes à partir de 2025, un nouvel équilibre semble se dessiner. Il n’est plus certain que le manque d’expertise juridique au sein même du gouvernement soit un frein à la prise de décisions.
L’un des exemples les plus notables de cette tradition est Viola Amherd, qui, jusqu’à son départ, était l’une des rares femmes juristes à siéger au Conseil fédéral. Son départ fait place à une nouvelle équipe où la majorité des membres possèdent des compétences dans des domaines autres que le droit : un viticulteur, un médecin, un ingénieur agronome, un spécialiste de l’environnement, et même un historien. Cela constitue un tournant pour le gouvernement suisse, où les divers domaines d’expertise commencent à remplacer les parcours de droit.
Les alternatives au manque de juristes au gouvernement suisse
Alors que certains observateurs s’inquiètent de ce vide juridique au sein du gouvernement, d’autres soulignent que la situation peut être compensée par la consultation régulière d’experts en droit, en particulier des hauts fonctionnaires de l’administration fédérale, a rapporté Watson.ch. En effet, le Conseil fédéral ne prend jamais de décisions sans s’appuyer sur l’avis de spécialistes, y compris des juristes. Des figures comme le directeur de l’Office fédéral de la justice peuvent être appelées à intervenir en cas de nécessité, ce qui permet de maintenir un cadre juridique solide sans nécessiter la présence permanente d’un avocat ou d’un juriste au sein du gouvernement.
Un autre aspect à prendre en compte est la diversité des parcours des membres du Conseil fédéral. Avec des personnes issues de différents secteurs, le gouvernement bénéficie d’une pluralité de perspectives qui peuvent enrichir les débats. La diversité de formation des membres, qu’il s’agisse d’agronomes, de médecins ou de spécialistes de l’environnement, pourrait offrir une vision plus globale et plus ouverte sur des sujets qui vont au-delà du domaine purement juridique. Cette pluralité permet de traiter des questions complexes sous différents angles, ce qui pourrait se révéler bénéfique à long terme pour l’ensemble des politiques publiques.