L’immigration en Suisse a été un sujet central de débat politique et économique pendant de nombreuses années, influençant les politiques sociales, économiques et la structure démographique du pays. Toutefois, ce phénomène n’est pas uniquement marqué par l’arrivée de nouveaux migrants, mais aussi par des départs significatifs.
Selon de récents chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS), plus de la moitié des immigrés de 2015 ont quitté la Suisse au bout de dix ans. Cette réémigration soulève des questions sur les facteurs qui poussent ces individus à repartir, et met en lumière les tendances migratoires complexes qui façonnent la société suisse.
Un taux de réémigration élevé, mais des disparités régionales marquées
L’OFS a étudié les mouvements migratoires en Suisse en examinant les personnes arrivées en 2015, qu’elles soient étrangères ou Suisses revenus dans leur pays d’origine. Environ 150 000 étrangers ont immigré en Suisse cette année-là, et près de 60% d’entre eux ont quitté le pays dans les dix années qui ont suivi, relate le média 20min. Cette tendance se manifeste surtout au cours des premières années après leur installation, ce qui suggère que, pour de nombreux migrants, la Suisse représente une étape plutôt qu’une destination permanente. Les raisons de ce départ rapide peuvent être multiples : des opportunités économiques ou familiales plus attractives ailleurs, des difficultés d’intégration ou encore la recherche de meilleures conditions de vie dans leur pays d’origine ou dans un autre pays européen.
Un point intéressant soulevé par l’étude concerne les variations importantes en fonction de la région d’origine des migrants. Les ressortissants d’Amérique du Nord, en particulier, présentent un taux de réémigration particulièrement élevé. Plus de 80% des migrants originaires des États-Unis, du Canada et du Mexique, qui sont arrivés en Suisse en 2015, avaient quitté le pays à la fin de 2024. Ce chiffre peut s’expliquer par des facteurs économiques et professionnels, comme la mobilité accrue des expatriés dans un contexte mondial de plus en plus globalisé, ou encore les meilleures perspectives d’emploi et de qualité de vie offertes par leurs pays d’origine.
En revanche, les ressortissants des pays européens non membres de l’UE/AELE (Association européenne de libre-échange) et ceux venant d’Asie et d’Océanie présentent des taux de réémigration bien plus faibles, autour de 50%. Ces groupes ont tendance à s’installer plus durablement en Suisse, bénéficiant d’un environnement stable, de salaires attractifs et d’un système de sécurité sociale bien développé. Les raisons de leur installation plus durable peuvent aussi être liées à des liens familiaux et culturels plus solides avec la Suisse, qui incitent à une intégration à long terme.
Un autre phénomène notable concerne les ressortissants africains. Bien que leur nombre soit inférieur par rapport à d’autres groupes, leur tendance à quitter la Suisse peu après leur arrivée est également significative. Ce phénomène pourrait être attribué à des obstacles administratifs, des difficultés d’intégration ou des conditions économiques moins favorables pour cette population. Néanmoins, ces départs précoces soulignent les défis auxquels certains migrants font face lors de leur installation en Suisse.
Le retour des Suisses émigrés : Un phénomène complexe et économique
L’étude de l’OFS met également en évidence que, sur une décennie, environ 40% des personnes émigrant de Suisse, qu’elles soient Suisses ou étrangères, finissent par revenir. Ce taux de retour est particulièrement élevé parmi les Suisses, et moins fréquent chez les migrants étrangers. Ce phénomène de « retour » soulève des questions sur l’attrait durable de la Suisse et sur les conditions qui favorisent ce mouvement circulaire.
Pour les Suisses émigrés, revenir dans leur pays d’origine après plusieurs années d’absence peut s’expliquer par plusieurs raisons. La stabilité économique, la qualité de vie et l’infrastructure sociale de la Suisse jouent un rôle essentiel dans ce retour. Nombre de Suisses émigrés, ayant acquis une expérience professionnelle à l’étranger, choisissent de revenir pour profiter d’opportunités de carrière dans un marché suisse compétitif, ou pour renouer avec leur environnement culturel et familial. D’un point de vue économique, le retour de ces citoyens contribue à la circulation de talents et à l’enrichissement des secteurs professionnels clés du pays, notamment dans les domaines de la finance, de la santé et des technologies.
En revanche, le retour des étrangers est un phénomène plus complexe. Pour ces derniers, le retour peut signifier un retour vers une meilleure situation économique ou familiale dans leur pays d’origine, ou encore une quête de nouvelles opportunités ailleurs. Cela démontre que, même si la Suisse attire de nombreux migrants, elle n’est pas toujours perçue comme une destination définitive, notamment pour ceux qui viennent chercher des opportunités temporaires.
Ces mouvements migratoires, qu’ils concernent des arrivées, des départs ou des retours, ont des conséquences directes sur l’économie et la société suisses. Les entreprises et les institutions publiques doivent être conscientes de ces dynamiques pour mieux répondre aux besoins du marché du travail et pour mieux gérer les flux migratoires.








