En Suisse, les dirigeants étrangers sont de plus en plus nombreux à occuper des postes clés dans les grandes entreprises. Une tendance qui s’intensifie dans des secteurs comme le bancaire ou l’agroalimentaire. Le dernier rapport Schilling révèle qu’en 2025, 49 % des membres des directions des 100 plus grandes entreprises suisses n’ont pas de passeport suisse, un chiffre qui grimpe même à 63 % pour les nouvelles embauches, rapporte Blick.
Depuis plusieurs années, un nombre croissant de multinationales suisses ont choisi de nommer des dirigeants étrangers pour des postes stratégiques. Cette évolution soulève des questions sur l’impact de cette tendance sur la politique économique locale, ainsi que sur la place de la Suisse dans un monde de plus en plus globalisé.
Une internationalisation des grandes entreprises suisses
Le dernier rapport Schilling sur la composition des conseils d’administration des 100 plus grandes entreprises suisses montre une véritable transformation de la direction des grandes entreprises du pays. En 2025, près de 49 % des membres des directions ne sont pas suisses, un chiffre qui atteint 63 % pour les nouvelles embauches. Cette dynamique se retrouve dans des entreprises majeures telles que Nestlé, Roche, Novartis ou Zurich, mais également dans des entreprises moins visibles du grand public.
L’exemple de Nestlé est particulièrement frappant. Le conseil d’administration du géant suisse de l’agroalimentaire est dirigé par le Belge Paul Bulcke, tandis que le Français Laurent Freixe est à la tête de l’entreprise. Dans la direction de Nestlé, seuls deux membres sur 18 sont suisses. Ce phénomène est également visible dans le secteur bancaire, où l’irlandais Colm Kelleher dirige UBS, et Noël Quinn, un Britannique, est sur le point de devenir président du conseil d’administration de Julius Bär.
Le fait que ces grandes entreprises soient dirigées par des étrangers n’est pas surprenant dans un contexte où les sociétés suisses ont des activités internationales de plus en plus vastes. En effet, le chiffre d’affaires de Nestlé, par exemple, se réalise principalement à l’international, avec seulement 1 milliard de francs générés en Suisse, sur un total de 91 milliards dans le monde, détaille le média helvétique.
Le cas de la banque Julius Bär : entre défis linguistiques et gestion de crise
L’exemple de Noël Quinn, futur président de Julius Bär, illustre les défis spécifiques liés à cette tendance. Bien que son parcours soit impressionnant, avec plus de 37 ans d’expérience dans le secteur bancaire, principalement chez HSBC, son manque de maîtrise des langues nationales suisses pourrait poser problème.
En effet, Noël Quinn ne parle presque pas un mot d’allemand, ni aucune autre langue nationale de la Suisse. Ce point est particulièrement crucial dans le secteur bancaire, où la communication fluide avec les régulateurs locaux, comme l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), est essentielle.
Le défi est encore plus grand pour un président de banque suisse, dans un contexte où la gestion de crise, comme celle liée à l’entrepreneur René Benko, qui a impliqué le précédent président de Julius Bär, est constante. D’après un observateur, le manque de maîtrise des langues nationales pourrait devenir un problème, notamment dans un pays où la gestion des entreprises et la réglementation nécessitent une communication efficace avec les acteurs politiques et économiques locaux, souligne la source.
L’impact de la montée des dirigeants étrangers sur la politique locale
La forte proportion de dirigeants étrangers dans les grandes entreprises suisses suscite également des interrogations sur l’impact de cette évolution sur la politique économique du pays. La Suisse, en tant que centre financier mondialement reconnu, a toujours eu un modèle basé sur des relations étroites entre les entreprises et les régulateurs locaux. Mais, avec des dirigeants venant de pays étrangers, cette dynamique pourrait être remise en question.
L’exemple de Colm Kelleher, le président d’UBS, montre les limites de cette situation. Lorsque l’UBS doit convaincre la population et les politiques suisses des conséquences d’une régulation trop stricte, la maîtrise des langues nationales et une connaissance intime du système politique suisse sont un atout indéniable.
Toutefois, UBS a dû faire appel à un dirigeant suisse, Markus Ronner, pour participer à l’émission télévisée « Arena », afin de pallier les lacunes linguistiques de Kelleher. En effet, ce type de situation devient de plus en plus courant avec l’internationalisation des directions.