Droits de douane punitifs: de nombreuses entreprises suisses envisagent de délocaliser leur production à l’étranger

Les droits de douane américains de 39 % poussent plusieurs entreprises suisses à envisager une délocalisation partielle de leur production pour préserver leurs ventes aux États-Unis.

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Entreprises suisses
Droits de douane punitifs: de nombreuses entreprises suisses envisagent de délocaliser leur production à l'étranger : Crédit : Amaïa | Econostrum.info - Suisse

Depuis le 7 août, l’imposition par les États-Unis d’un droit de douane punitif de 39 % sur certains produits suisses bouleverse l’économie nationale. Ces mesures, décidées par l’administration Trump, rendent les exportations helvétiques vers le marché américain nettement plus coûteuses que celles en provenance d’autres pays européens. 

Plusieurs entreprises, confrontées à l’annulation de commandes et à une perte de compétitivité, envisagent désormais de transférer une partie de leur production à l’étranger. Ce mouvement pourrait affecter des milliers d’emplois et fragiliser des secteurs entiers.

Des industriels contraints de repenser leur organisation

Parmi les sociétés les plus touchées figure PackSys Global, basée à Rüti (Zurich), fabricant de machines d’emballage pour les secteurs des boissons, de la pharmacie et des cosmétiques. Son directeur, Beat Rupp, évoque la possibilité de relocaliser certaines activités dans l’Union européenne, notamment en Slovaquie, où le groupe dispose déjà d’une usine, indique Blick. L’entreprise, qui réalise jusqu’à un quart de ses ventes aux États-Unis, a vu ses premières commandes annulées depuis l’entrée en vigueur des tarifs douaniers. Rupp estime que si la tendance se poursuit, la moitié de son atelier pourrait se retrouver vide.

À Weggis (Lucerne), Thermoplan, fournisseur de machines à café pour Starbucks depuis 1999, se trouve dans une situation similaire. Son PDG, Adrian Steiner, a vu ses pièces détachées bloquées à la douane américaine. Décrivant la taxe comme une « super catastrophe absolue », il admet désormais envisager une implantation de production aux États-Unis, bien qu’il y ait toujours été opposé par le passé.

TOFWERK, à Thoune (Berne), qui fabrique des spectromètres de masse, destine plus de 30 % de ses exportations aux États-Unis. Sa fondatrice, Katrin Fuhrer, anticipe des annulations de commandes et considère la création d’un site de production américain comme inévitable si la situation perdure. Une telle décision aurait toutefois un coût élevé et pourrait compromettre le maintien de certains emplois en Suisse.

Conteneurs maritimes et Trump
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Un marché américain stratégique mais sous tension

Le secteur de la technique médicale est également concerné. Ypsomed, basée à Burgdorf (Berne), prévoit de transférer en Allemagne la moitié de sa production destinée aux États-Unis, en s’appuyant sur son site de Schwerin ouvert en 2019. Le PDG Simon Michel indique qu’avec des droits inférieurs à 15 %, un compromis aurait été possible, mais à 39 %, la délocalisation devient inévitable. L’entreprise exporte environ 5 % de ses produits suisses vers le marché américain et prépare un investissement de 300 millions de francs sur la côte est des États-Unis dès l’année prochaine.

Tecan, fabricant de techniques de laboratoire à Männedorf (Zurich), réalise 55 % de son chiffre d’affaires aux États-Unis. La moitié de cette production est déjà assurée sur place, principalement en Californie. Face aux nouvelles taxes, l’entreprise prévoit d’augmenter ses capacités sur le sol américain et en Malaisie, dans le cadre d’une adaptation stratégique à ces nouvelles contraintes commerciales.

Ces décisions illustrent l’ampleur des ajustements que les groupes suisses doivent envisager pour préserver leur accès à un marché américain devenu plus coûteux. Pour certains, il s’agit de délocalisations partielles destinées à contourner les tarifs ; pour d’autres, d’un repositionnement industriel plus profond. Dans tous les cas, ces mouvements pourraient réduire la part de production estampillée « Made in Switzerland » et affecter durablement l’emploi local.

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