Le 2 avril, les nouvelles taxes américaines entreront en vigueur. C’est également ce jour-là que le Conseil fédéral tiendra une réunion à huis clos pour discuter des implications de cette politique commerciale sur l’économie suisse. La menace d’une guerre économique impose une réactivité accrue de la part des autorités.
Cette mobilisation survient alors que les États-Unis durcissent leur position sur les importations. Pour la Suisse, la crainte est double : être ciblée par les mesures américaines et ne pas être épargnée par les contre-mesures que l’Union européenne pourrait adopter. L’enjeu est d’éviter que le pays soit pris entre deux fronts dans un conflit commercial global.
Une réunion d’urgence pour clarifier la position suisse
Le 2 avril, le président américain imposera des droits de douane de 25 % sur les voitures étrangères ainsi que sur d’autres produits dont les montants ne sont pas encore précisés. Cette annonce a été faite le vendredi précédent. Le même jour, le Conseil fédéral organisera une réunion à huis clos pour analyser les conséquences de cette politique. Selon Watson, cette session réunira des experts renommés, notamment Philipp Hildebrand, ancien président de la Banque nationale suisse et actuellement dirigeant chez BlackRock, ainsi que Martin Dahinden, ancien ambassadeur suisse aux États-Unis.
Certains critiques jugent que cette réunion intervient tardivement. Pourtant, selon des sources proches du dossier citées par le média helvétique, « on ignore ce qui va se passer concrètement ». Ce flou laisse le gouvernement peu de marge pour anticiper. Des réunions préparatoires ont néanmoins déjà eu lieu, témoignant d’une volonté de ne pas rester inactif face à l’instabilité de la politique américaine. La réunion du 2 avril vise ainsi à poser les bases d’une réponse coordonnée, même si la stratégie à adopter dépendra du détail des mesures américaines.
Une stratégie d’approche directe avec Washington
Le Conseil fédéral tente de prévenir les conséquences de cette nouvelle donne commerciale par une stratégie d’ouverture avec les autorités américaines. La secrétaire d’État Helene Budliger Artieda a déjà organisé plusieurs entretiens à Washington avec des responsables du commerce, ce que la source qualifie de « succès ».
Un objectif sous-jacent est de faire valoir le rôle économique de la Suisse sur le sol américain. Les arguments suisses sont clairs : les investissements helvétiques aux États-Unis créent 400 000 emplois, avec une moyenne salariale de 130 000 dollars par an.
Dans une lettre adressée à l’autorité économique américaine, le Secrétariat d’État à l’économie (Seco) rappelle que 99 % des exportations américaines entrent librement sur le territoire suisse grâce à l’abolition des droits industriels. Le message officiel se veut ferme : « La Suisse ne participera pas à une guerre commerciale », a déclaré Helene Budliger Artieda dans une interview à l’Aargauer Zeitung.
Dans cette optique, le ministre de l’Économie Guy Parmelin et la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter se rendront aux États-Unis fin avril pour la réunion de printemps de la Banque mondiale. Ce déplacement pourrait ouvrir la voie à un entretien avec des représentants du gouvernement américain.
Entre Washington et Bruxelles, une position délicate
La Suisse ne doit pas seulement composer avec les États-Unis. Si l’Union européenne décide de répondre aux mesures américaines par des droits de douane, elle pourrait aussi inclure la Suisse dans ses contre-mesures. Cette situation s’est déjà produite sous le premier mandat de Trump, notamment dans le dossier de l’aluminium et des métaux. Le risque que la Suisse soit considérée comme un pays tiers est réel. Helene Budliger Artieda souligne que ce scénario ne doit pas se répéter.
Dans ce contexte, la diplomatie suisse adopte un ton mêlant avertissement et coopération. « Nous attirons également l’attention de Bruxelles sur le fait que des droits de douane touchant aussi la Suisse seraient contre-productifs dans la perspective de ces accords à venir », a déclaré Budliger.
Ces accords bilatéraux, encore en attente d’une votation populaire, sont utilisés comme levier pour inciter l’UE à la modération. À Berne, certains redoutent que Bruxelles adopte une position dure pour rappeler à la Suisse l’importance d’une relation contractuelle, dont elle s’est toujours tenue à l’écart jusqu’ici.