Divorces post-retraite : le phénomène du « grey divorce » prend de l’ampleur en Suisse

Le phénomène du « grey divorce » est un reflet des changements sociaux qui s’opèrent chez les plus de 60 ans, où l’émancipation des femmes, les dynamiques familiales et la quête d’une nouvelle liberté post-retraite jouent un rôle majeur.

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Divorce
Divorces post-retraite : le phénomène du « grey divorce » prend de l'ampleur en Suisse : Crédit : Canva | Econostrum.info - Suisse

Au fil des décennies, l’idée que l’on reste ensemble jusqu’à la fin de sa vie semble de moins en moins réaliste. Ce phénomène touche aujourd’hui un groupe d’âge en particulier : celui des plus de 60 ans. 

Les divorces parmi cette tranche d’âge, appelés « grey divorce », ont connu une augmentation spectaculaire ces dernières années, et ce phénomène est aussi bien observable en Suisse qu’aux États-Unis. Derrière cette tendance, plusieurs facteurs sociaux et personnels expliquent pourquoi tant de personnes après la retraite choisissent de mettre un terme à leur mariage. 

Le syndrome du nid vide : la prise de conscience du couple

L’un des principaux moteurs du « grey divorce » est le départ des enfants. Lorsqu’ils quittent la maison familiale pour mener leur propre vie, de nombreux couples se retrouvent face à une réalité bien différente de celle qu’ils avaient imaginée. « Le départ des enfants oblige le couple à se redécouvrir, et parfois, à se rendre compte que la relation s’est progressivement effritée », explique Laurence Dispaux, psychothérapeute spécialisée dans les relations de couple. En effet, après des décennies centrées autour des enfants, le couple est souvent confronté à un manque de complicité ou de projet commun. Ce phénomène est souvent amplifié par la retraite, où les femmes, en particulier, commencent à percevoir cette période comme un moment pour se recentrer sur elles-mêmes, après avoir longtemps mis de côté leurs aspirations personnelles pour répondre aux besoins de la famille.

Avant le départ des enfants, de nombreux couples se contentent de gérer le quotidien, en mettant de côté les problèmes relationnels. « Souvent, l’un des partenaires commence à ressentir les tensions, mais ils choisissent de les ignorer pour ne pas perturber l’équilibre familial », précise Laurence Dispaux. Une fois que les enfants sont partis, le couple se retrouve à devoir faire face à ces tensions qu’il avait évitées, et de nombreuses relations n’y survivent pas. Le vide créé par l’absence des enfants devient alors un miroir dans lequel les époux prennent conscience des différences qui se sont accentuées avec le temps.

Les femmes sexagénaires : principales initiatrices du divorce

Un autre aspect marquant du « grey divorce » est que les femmes sont généralement les premières à demander le divorce. En effet, d’après les chiffres recensés par l’Office fédéral de la statistique (OFS), les femmes sexagénaires sont plus nombreuses à initier cette rupture que les hommes. Selon les données, près de 60 % des divorces après 60 ans sont demandés par les femmes. Cette tendance s’explique par plusieurs facteurs : après des années passées à s’occuper de leur famille, beaucoup de femmes souhaitent enfin se consacrer à elles-mêmes. Avec la retraite et le départ des enfants, elles ont l’occasion de réévaluer leur situation et de chercher à se recentrer sur leurs besoins personnels.

L’idée de retrouver une forme d’indépendance après avoir été « en service » pour la famille pendant des décennies devient plus attractive. Laurence Dispaux explique qu’une femme, après avoir porté la majorité des responsabilités domestiques et familiales pendant des années, ressent souvent le besoin de changer de cap et de penser à son propre bonheur, rapporte Blick. « Ce n’est pas un rejet de la famille, mais un besoin de retrouver une vie plus épanouissante et moins axée sur les autres », poursuit-elle.

En revanche, les hommes, bien que confrontés à la même réalité, réagissent différemment. Ils sont souvent moins enclins à initier une séparation et se retrouvent plus isolés après le divorce. La solitude post-divorce peut être particulièrement difficile pour eux, d’autant plus qu’ils n’ont pas toujours été impliqués dans les réseaux sociaux du couple, souvent gérés par les femmes. En conséquence, après la rupture, les hommes peuvent souffrir davantage du manque de lien social et familial, ce qui peut avoir des répercussions négatives sur leur santé.

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