Déménager en Suisse est devenu un luxe : la hausse des loyers paralyse la mobilité des locataires

Les loyers élevés en Suisse freinent la mobilité, avec des impacts économiques et sociaux importants, notamment pour les jeunes et les familles.

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Déménager en Suisse est devenu un luxe : la hausse des loyers paralyse la mobilité des locataires : Crédit : Canva | Econostrum.info - Suisse

La mobilité des Suisses est en déclin, une tendance qui se confirme chaque année avec des taux de déménagement en constante baisse. Selon les statistiques officielles, seulement 9,3% de la population a déménagé en 2024, un chiffre qui marque son niveau le plus bas depuis plus de dix ans. 

Ce phénomène est particulièrement marqué chez les citoyens suisses, dont la mobilité a chuté de près de 12% par rapport à il y a cinq ans. L’un des principaux facteurs de cette stagnation réside dans l’augmentation des loyers, qui semble devenir un obstacle de plus en plus important pour ceux qui souhaitent changer de logement, notamment dans les grandes villes.

Les loyers : un obstacle majeur à la mobilité

L’augmentation continue des loyers dans les zones urbaines est un facteur clé qui explique la réduction de la mobilité des Suisses. En effet, les grandes villes comme Zurich, Genève ou Bâle connaissent une pression énorme sur le marché immobilier, avec une pénurie de logements qui pousse les prix à la hausse. Ainsi, les personnes qui envisagent de déménager se retrouvent confrontées à des loyers nettement plus élevés, un facteur dissuasif majeur. Ce phénomène est particulièrement visible dans les communes résidentielles populaires, où les loyers peuvent augmenter de plusieurs centaines de francs en l’espace de cinq ans.

Les jeunes adultes, qui sont généralement les plus mobiles, sont également affectés par cette situation. Ils représentent une part importante des personnes qui déménagent souvent, en raison de leurs études, de leur entrée sur le marché du travail ou de changements dans leur vie personnelle (emménagement avec un partenaire, arrivée d’un enfant, etc.). Cependant, même cette catégorie démographique, qui était historiquement plus flexible et encline à déménager, montre des signes de stagnation. En effet, selon les données publiées par l’OFS ce lundi, les jeunes de 18 à 35 ans déménagent beaucoup moins qu’il y a cinq ans. Cela est en grande partie dû à l’augmentation des loyers, qui rend les déménagements moins abordables, surtout lorsqu’ils viennent avec l’incertitude de la disponibilité d’un logement adapté à leur budget.

Un autre indicateur marquant est la différence de mobilité entre les citoyens suisses et les ressortissants étrangers. En 2024, seulement 7,6% des Suisses ont déménagé, tandis que ce taux était plus élevé l’année précédente. Cela souligne l’impact particulièrement négatif des loyers sur les ménages suisses. À titre de comparaison, la mobilité des résidents étrangers, bien qu’elle soit influencée par d’autres facteurs, reste plus élevée, ce qui met en évidence un frein spécifique aux citoyens suisses, liés en grande partie aux coûts de logement.

Les implications économiques et sociales de la stagnation

La baisse de la mobilité en Suisse, bien que souvent interprétée comme un signe de stabilité, comporte des risques économiques et sociaux non négligeables. D’un point de vue économique, la diminution de la mobilité peut entraîner un manque de flexibilité sur le marché du travail. En effet, la mobilité géographique est un facteur important pour les travailleurs qui cherchent à saisir de nouvelles opportunités dans des régions où l’emploi est plus abondant. Dans un contexte où la population suisse continue de croître, une faible mobilité peut également limiter la compétitivité des régions et des entreprises, qui pourraient avoir du mal à attirer des talents venus d’autres zones géographiques.

Socialement, cette stagnation peut mener à une certaine forme de ségrégation géographique. Les régions urbaines, bien que plus dynamiques, voient leurs loyers augmenter en raison de la forte demande, rendant la vie plus difficile pour les personnes à faibles revenus. Les jeunes, qui étaient historiquement une force motrice de la mobilité, se retrouvent ainsi piégés dans des zones où les coûts de logement sont élevés, ce qui limite leurs options de logement et de vie. En parallèle, les cantons ruraux, où les loyers sont généralement moins élevés, connaissent une mobilité moins dynamique, ce qui accentue encore la fracture entre zones urbaines et rurales.

De plus, cette baisse de la mobilité pourrait avoir un impact sur la mixité sociale. Les familles et les jeunes actifs sont de plus en plus susceptibles de rester dans des logements qui ne répondent plus à leurs besoins, simplement parce qu’ils ne peuvent pas se permettre de déménager. Ce phénomène crée une pression supplémentaire sur le marché immobilier, et les personnes à la recherche de logements plus abordables risquent de se retrouver bloquées dans des situations peu satisfaisantes.

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