Déménagement d’UBS : Quels risques pour les clients et les services bancaires suisses ?

UBS pourrait déménager aux États-Unis pour échapper à des régulations suisses strictes, un scénario qui bouleverserait la place financière suisse.

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Déménagement d’UBS
Déménagement d’UBS : Quels risques pour les clients et les services bancaires suisses ? : Crédit : KEYSTONE/MICHAEL BUHOLZER | Econostrum.info - Suisse

La menace de déménagement du siège sociald’UBS aux États-Unis secoue actuellement la scène économique suisse. Le CEO de la banque, Sergio Ermotti, met en jeu l’avenir de l’une des plus grandes institutions bancaires du pays, refusant de se conformer à l’exigence d’ajouter 25 milliards de francs suisses de capital imposée par la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter. 

Si cette menace se concrétisait, il pourrait en résulter un bouleversement majeur pour la place financière suisse, avec des conséquences directes sur les clients d’UBS. Cette situation soulève la question : qu’adviendrait-il des comptes d’épargne, des crédits hypothécaires et des prêts d’entreprises si UBS choisissait de déménager son siège aux États-Unis ?

Les risques d’un déménagement pour la clientèle suisse d’UBS

Le 14 septembre 2025, des informations ont fuité dans le New York Post, révélant que les dirigeants d’UBS auraient discrètement rencontré l’administration Trump pour discuter d’une délocalisation aux États-Unis, afin d’échapper au durcissement de la réglementation suisse. Depuis le début de l’année, des rumeurs circulent sur un potentiel déménagement d’UBS, et les experts s’interrogent sur les conséquences d’une telle décision pour l’économie suisse et ses clients. Selon Samuel Bendahan, député au Conseil national (PS), un tel déménagement laisserait la clientèle suisse davantage délaissée, ce qui serait loin d’être dans l’intérêt de la population.

L’un des scénarios les plus redoutés est celui dans lequel UBS pourrait déménager son siège social tout en maintenant ses activités en Suisse. Un tel mouvement n’impliquerait pas nécessairement la vente de ses activités bancaires suisses, mais pourrait signifier que la priorité donnée aux clients suisses diminuerait. Actuellement, UBS bénéficie d’une structure de « too big to fail », soutenue par les millions de petits clients suisses, et un déménagement pourrait affecter directement les services proposés à ces derniers.

D’ailleurs, bien que le déménagement aux États-Unis semble séduire certains, comme un moyen d’échapper à des régulations trop strictes, il pourrait se retourner contre UBS. Le gouvernement suisse aurait son mot à dire, et une scission de l’entité suisse de la banque, un spin-off, pourrait perturber gravement l’équilibre de la place financière. Ce scénario avait été envisagé en 2008, après la crise des subprimes, mais n’a jamais pris forme. Le marché suisse, avec des marges faibles, ne semble pas attirer d’acheteurs potentiels, et cela complique la vente des activités suisses de la banque. D’autres acteurs comme Julius Baer, bien qu’ils soient cités comme des potentiels acheteurs, font face à leurs propres difficultés, notamment des sanctions de la part de la FINMA.

Les risques pour la clientèle suisse sont réels. L’absence d’une banque dominante comme UBS pourrait provoquer un vide sur certains services bancaires essentiels. Une disparition partielle des services d’UBS en Suisse pourrait ainsi affecter des milliers de clients particuliers et entreprises, qui dépendraient alors d’une offre plus réduite, voire de conditions plus contraignantes.

La position d’UBS et les tensions internes sur les exigences de capital

Le cœur du problème réside dans l’opposition d’UBS aux exigences de capital imposées par la Suisse. Le 14 septembre, Sergio Ermotti a réaffirmé son rejet catégorique de l’idée d’ajouter 25 milliards de francs suisses à son capital pour renforcer la stabilité du groupe. Selon lui, de telles exigences seraient une « provocation » et mettraient UBS dans une position de vulnérabilité par rapport à ses concurrentes internationales, relate Blick. Pour UBS, la demande de renforcer son capital représente une charge trop lourde dans un environnement bancaire de plus en plus concurrentiel.

En réponse, Berne estime qu’UBS a bénéficié d’une aide indirecte avec l’acquisition de Credit Suisse pour un montant dérisoire de 3 milliards de francs, tout en réalisant un gain comptable de 29 milliards. D’après le gouvernement, UBS devrait désormais se conformer aux règles de prudence imposées par la Suisse. En cas de crise économique majeure, la Banque nationale suisse (BNS) risquerait de devoir intervenir pour sauver UBS, une situation bien plus complexe qu’elle ne l’était avant la fusion avec Credit Suisse. Le bilan combiné de la BNS, prévu pour 2025, serait deux fois plus petit que celui d’UBS, qui s’élèverait à 1670 milliards de francs.

Cependant, certains analystes considèrent que la menace de déménagement pourrait ne pas être qu’un simple bluff. La banque pourrait en réalité chercher à faire pression sur les autorités suisses afin d’obtenir des concessions, notamment en ce qui concerne la réglementation stricte en matière de capital. Selon Samuel Bendahan, cette menace pourrait être une tactique pour influencer la politique économique suisse, d’autant que la Suisse reste favorable à UBS sur de nombreux aspects. Toutefois, déménager à l’étranger serait coûteux pour UBS, notamment en raison des impôts anticipés et de la nouvelle régulation à laquelle elle serait soumise.

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