Chaque année, les déclarations d’impôts sont envoyées aux foyers suisses et doivent être remplies avant la fin du mois de mars. Ce rendez-vous fiscal peut être source de stress, notamment en raison des nombreuses règles et déductions qui évoluent d’une année à l’autre. L’oubli d’une déduction spécifique peut entraîner une perte de centaines voire milliers de francs.
Face à cela, la rigueur administrative est essentielle. Comme le rappelleOliver Wälti, expert fiscal chez VZ Vermögenszentrum, au média Blick, il est impératif de rassembler tous les justificatifs tout au long de l’année. Les relevés bancaires, factures médicales, quittances de rénovation ou attestations de formation doivent être soigneusement archivés pour être déclarés sans difficulté.
Des déductions avantageuses pour les familles et travailleurs
Les familles peuvent bénéficier d’une déduction pour enfants, qui s’élève à 6 700 francs par enfant mineur ou en formation pour l’impôt fédéral direct. Dans certains cantons, ce montant est plus élevé, notamment à Zoug, où il atteint 24 500 francs pour un enfant en formation dès 16 ans.
Pour les parents qui font garder leurs enfants par un tiers, la déduction pour frais de garde a été revue à la hausse et peut atteindre jusqu’à 25 500 francs par enfant au niveau fédéral. Certains cantons, comme le Valais, permettent aussi une déduction aux parents qui assurent eux-mêmes la garde de leurs enfants.
Les couples avec deux revenus peuvent également alléger leur charge fiscale. Au niveau fédéral, une déduction comprise entre 8 500 et 13 900 francs est appliquée sur le revenu le moins élevé. Toutefois, les règles varient selon les cantons : dans certains, cette déduction pour deuxième revenu est bien plus faible, parfois limitée à 500 ou 1 000 francs seulement.
Concernant les déplacements domicile-travail, les personnes utilisant les transports en commun peuvent déduire leurs frais réels d’abonnement, tandis que les automobilistes ne peuvent le faire que sous certaines conditions, notamment si le trajet en transports publics rallonge leur temps de déplacement d’au moins une heure par jour. La déduction est plafonnée à 3 200 francs pour l’impôt fédéral, mais peut atteindre 10 000 francs dans certains cantons, comme Fribourg. Ceux qui se rendent au travail en vélo peuvent déduire un forfait de 700 francs.
Propriétaires et retraités : des leviers fiscaux spécifiques
Les propriétaires doivent déclarer la valeur locative de leur bien, mais peuvent en contrepartie déduire certaines dépenses, particulièrement celles liées à l’entretien et la rénovation. Seules les dépenses n’entraînant pas une augmentation de valeur du bien sont prises en compte, à l’exception des travaux favorisant les économies d’énergie, qui sont déductibles sur trois ans. Les propriétaires peuvent aussi déclarer leurs intérêts hypothécaires et, dans le cas d’une copropriété, le fonds de rénovation est également pris en compte. L’assurance du bâtiment est une autre dépense pouvant être intégrée dans la déclaration.
Les frais liés aux assurances offrent également des possibilités de déductions. Les primes d’assurance-maladie de base et complémentaire, d’assurance-accidents, d’assurance-vie et d’assurance-retraite peuvent être déduites sous certaines conditions. Le forfait d’assurance varie selon la situation : 1 800 francs pour une personne seule affiliée à une caisse de pension, le double pour les personnes mariées, avec des montants différents selon les cantons.
Les dépenses médicales peuvent aussi être déclarées, à condition qu’elles dépassent un seuil de 5 % du revenu net dans la majorité des cantons. Cela inclut les visites chez le dentiste, l’achat d’appareils auditifs, ou encore les soins médicaux non remboursés par l’assurance-maladie. Dans des cantons comme Genève ou le Valais, ce seuil est encore plus bas, rendant ces déductions plus accessibles.
Les retraités doivent quant à eux choisir entre percevoir leur prévoyance vieillesse sous forme de rente ou de capital, ce qui a un impact direct sur l’imposition. Actuellement, un prélèvement fiscal réduit s’applique au retrait en capital, mais le Conseil fédéral envisage une hausse des impôts sur cette option. Par ailleurs, les frais liés aux maisons de retraite et de soins peuvent être déclarés pour diminuer le revenu imposable.
Fiscalité des investissements et revenus locatifs
Les propriétaires bailleurs peuvent également bénéficier d’avantages fiscaux. Les dépenses d’entretien, les primes d’assurance, ainsi que les frais administratifs sont déductibles, soit selon un forfait, soit sur la base des coûts réels. Dans la plupart des cantons, le forfait d’entretien est fixé à 10 % du loyer net pour les biens immobiliers de moins de 10 ans, puis grimpe à 20 % au-delà de cet âge.
Concernant les placements financiers, les revenus issus d’intérêts et de dividendes sont imposables. En revanche, l’impôt anticipé appliqué aux titres suisses peut être récupéré. De plus, les frais de gestion des portefeuilles confiés à des tiers sont partiellement déductibles.
Enfin, pour ceux qui prennent leurs repas à l’extérieur en raison de leur emploi, une déduction est possible si leur pause déjeuner ne leur permet pas de rentrer à domicile. Le montant maximal est fixé à 3 200 francs pour un emploi à temps plein, et réduit de moitié pour les salariés ayant accès à une cantine subventionnée.
Mieux déclarer pour payer moins
Remplir correctement sa déclaration d’impôts permet d’éviter une charge fiscale inutilement élevée. De la déduction pour enfants aux frais médicaux, en passant par les charges liées aux logements, il existe de nombreuses possibilités d’allègement fiscal. Toutefois, ces avantages ne peuvent être obtenus que si toutes les dépenses éligibles sont bien justifiées et déclarées en temps voulu. Une préparation minutieuse tout au long de l’année reste la meilleure stratégie pour éviter de payer trop d’impôts.