Crise majeure dans les hôpitaux suisses, les enfants premiers concernés

Une erreur dans la réforme tarifaire ambulatoire menace la stabilité financière des hôpitaux pédiatriques suisses dès 2026.

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médecin qui s'occupe d'une petite fille dans la chambre d'hôpital
Crise majeure dans les hôpitaux suisses : les enfants se retrouvent en première ligne - © Shutterstock

Depuis plusieurs années, la médecine ambulatoire cherche à mieux soutenir les soins primaires, notamment ceux assurés par les médecins de famille et les pédiatres. En Suisse, un nouveau système tarifaire doit entrer en vigueur dès janvier 2026, avec l’objectif de renforcer cette médecine de proximité.

Mais une erreur dans les outils de simulation a faussé l’évaluation des conséquences sur les hôpitaux pédiatriques. Ces derniers, qui prennent en charge une part importante des urgences ambulatoires chez les enfants, se retrouvent confrontés à une baisse de financement qui menace leur fonctionnement.

Les enjeux sont importants car les hôpitaux pour enfants disposent d’une marge financière très réduite. Leur capacité à absorber des pertes est limitée et les déficits s’accumulent déjà dans le domaine ambulatoire.

Si rien n’est fait avant la révision prévue en 2027, le risque d’une dégradation de la qualité des soins et d’une augmentation des délais d’attente devient réel, comme le souligne l’association Allkids dans ses communications auprès des autorités et partenaires tarifaires, rapporte Watson.

Une réforme tarifaire mal calibrée

Le nouveau système tarifaire suisse, appelé Tardoc, est conçu pour rémunérer principalement le travail du médecin dans le cadre des soins ambulatoires aux urgences. Les coûts liés à l’infrastructure hospitalière et au personnel non médical ont été fortement réduits, ce qui crée un déséquilibre financier pour les établissements. Cette structure ne tient pas compte du fait que les services d’urgence doivent être maintenus en permanence, indépendamment du nombre et du type de cas traités.

L’association Allkids a révélé que les outils utilisés pour simuler l’impact de cette réforme contenaient une erreur de calcul qui a masqué la gravité du déficit financier engendré. Le manque de compensation pour les frais fixes pousse les hôpitaux à devoir absorber ces coûts eux-mêmes, ce qui est jugé insoutenable. L’association H+ souligne qu’avec ces tarifs, il devient impossible de faire fonctionner un service d’urgence de manière rentable.

Un impact disproportionné sur les hôpitaux pédiatriques

Le secteur pédiatrique est particulièrement touché par cette réforme car les enfants nécessitent plus fréquemment des soins d’urgence ambulatoires que les adultes, en raison de leur moindre capacité à faire face à la maladie.

Les six plus grands hôpitaux pédiatriques suisses affichent déjà un déficit de plus de 110 millions de francs dans le domaine ambulatoire. Avec les nouveaux tarifs, la réduction pourrait atteindre 30 % sur les traitements d’urgence.

La structure même des soins pédiatriques limite la possibilité de compenser ces pertes par d’autres prestations. La part importante des soins ambulatoires d’urgence et le peu de traitements spéciaux rendent difficile une répartition transversale des coûts. Allkids estime que seuls 50 à 60 % des coûts des services d’urgence seront couverts par le nouveau système, le reste devant être financé par les cantons ou par d’autres moyens internes, ce qui reste incertain.

Des mesures urgentes réclamées avant 2027

L’introduction du nouveau système tarifaire est programmée pour janvier 2026, mais la prochaine révision officielle ne devrait intervenir qu’en 2027. L’association Allkids demande donc une intervention immédiate pour modifier les positions tarifaires ou adapter les règles de calcul, afin de permettre la facturation des coûts liés au personnel et à l’infrastructure.

Sans une telle mesure transitoire, la situation financière des hôpitaux pédiatriques deviendra « catastrophique », avertit Malte Frenzel, directeur d’Allkids.

L’Organisation des tarifs médicaux ambulatoires (OAAT) a reconnu la demande et indique que des discussions sont en cours avec les différents partenaires pour clarifier la situation. Le temps presse, car les hôpitaux et les cabinets médicaux ont déjà commencé leurs préparatifs en vue de la mise en place du nouveau système.

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