Selon 24 Heures, à la fin de l’année 2022, l’approvisionnement énergétique de la Suisse s’était retrouvé sous pression. L’arrêt des livraisons de gaz russe, combiné à l’indisponibilité de plusieurs centrales nucléaires en France pour des raisons de sécurité, avait contraint la Confédération à intervenir. Des mesures exceptionnelles avaient été prises, notamment la création d’une réserve hivernale financée par l’État pour inciter les exploitants de barrages à préserver une partie de leurs ressources en eau.
Aujourd’hui, la situation demeure fragile. Les lacs d’accumulation suisses affichent un taux de remplissage de seulement 24,1 % au début de cette semaine, soit 12 % de moins que la moyenne à long terme, selon la Commission fédérale de l’électricité (ElCom). Il s’agit du niveau le plus bas observé depuis 2017. Cette situation s’explique par plusieurs éléments, à savoir un déficit de précipitations, mais aussi des travaux en cours sur certains barrages. Les retenues du Grimsel, dans le canton de Berne, et de Gigerwald, à Saint-Gall, sont actuellement vides en raison de chantiers de maintenance, rapporte la même source.
Une demande accrue et un marché de l’électricité sous pression
En novembre et décembre derniers, la production d’électricité éolienne en Europe a été plus faible qu’habituellement, ce qui a contribué à la hausse des prix de l’énergie sur le marché. En Suisse, les fournisseurs d’électricité ont profité de cette flambée pour vendre leur production à des tarifs élevés, conduisant ainsi à une exploitation plus intensive des barrages et à une réduction plus rapide des réserves d’eau.
Antonia Adam, porte-parole de l’ElCom, a confirmé cette dynamique en expliquant que les lacs de barrage avaient été davantage sollicités en raison des opportunités de vente sur le marché de gros. Toutefois, elle assure que l’approvisionnement en électricité reste garanti grâce aux centrales nucléaires suisses et à une production nucléaire française plus stable cette année.
Malgré cette relative stabilité, la situation demeure sous surveillance, notamment en raison de la disponibilité du gaz. Le niveau des réserves de gaz en Europe est actuellement inférieur de 10 % à la moyenne des années précédentes. Une période prolongée de froid et une éventuelle indisponibilité soudaine des centrales nucléaires suisses ou françaises pourraient raviver le risque de pénurie.
Une réserve hivernale et une centrale de secours en alerte
Pour limiter les risques de rupture d’approvisionnement, la Confédération impose aux exploitants de barrages de maintenir une réserve hivernale de 250 GWh, soit environ 3 % de la capacité totale des lacs de retenue suisses. Cette mesure vise à garantir une marge de sécurité en cas de pic de consommation ou d’événements imprévus.
En complément, une centrale de réserve temporaire a été mise en place à Birr, dans le canton d’Argovie, sous la gestion du fournisseur d’électricité Axpo. Fonctionnant au gaz ou au diesel, cette installation a été testée cette semaine. Les turbines ont été mises en marche tôt le matin, produisant un bruit important qui a été remarqué par les riverains. Selon l’ElCom, les premiers résultats du test sont positifs, bien que des analyses complémentaires soient encore en cours.
Cette centrale de réserve doit être démantelée d’ici fin 2026, conformément à la décision du Conseil fédéral. À ce jour, aucune alternative n’a été définie pour assurer un approvisionnement de secours à plus long terme. Les candidats intéressés ont jusqu’à la fin du mois de février pour soumettre leurs propositions à la Confédération.