Après une période de stabilité, les taux d’intérêt en Suisse connaissent une remontée brutale qui pourrait bouleverser le marché immobilier. Depuis décembre, les taux des emprunts d’État à dix ans ont bondi de 0,2 % à près de 0,8 %, un quadruplement en quelques mois.
Ce phénomène intervient dans un contexte économique global marqué par une incertitude croissante, alimentée en partie par le retour de Donald Trump sur le devant de la scène politique américaine. Cette situation soulève des inquiétudes quant à son impact sur les coûts des crédits immobiliers, la demande de logements et les prix de l’immobilier en Suisse.
Une envolée des taux qui renchérit le crédit immobilier
La récente remontée des taux d’intérêt en Suisse a un effet direct sur le coût des crédits immobiliers, un secteur clé de l’économie helvétique. En mars 2024, plus de 1 200 milliards de francs suisses d’hypothèques étaient en circulation, ce qui signifie que toute augmentation des taux se répercute sur un grand nombre de ménages et d’investisseurs.
Avec des taux hypothécaires plus élevés, les emprunteurs doivent payer des mensualités plus importantes, ce qui complique l’accès à la propriété pour de nombreux foyers. Cette situation pourrait entraîner un ralentissement du marché immobilier, avec une baisse de la demande et, potentiellement, un tassement des prix des logements. Parallèlement, les propriétaires qui ont contracté des crédits à taux variable voient leurs charges augmenter et sont susceptibles de reporter ces coûts sur les loyers, accentuant ainsi la pression sur le marché locatif.
Cette hausse des taux en Suisse s’inscrit dans une tendance mondiale. Aux États-Unis, la Réserve fédérale (Fed) a récemment signalé que la politique budgétaire américaine, influencée par les annonces de Donald Trump, contribuait à l’augmentation des rendements obligataires. Les investisseurs demandent désormais une prime de risque plus élevée face à l’incertitude entourant une éventuelle réélection de Trump, notamment en raison de son approche imprévisible de la gestion économique et fiscale.
Un marché immobilier influencé par la politique américaine
L’impact des décisions politiques américaines sur l’économie suisse n’est pas nouveau, mais l’effet Trump semble particulièrement marqué. Son programme économique, axé sur une baisse massive des impôts et une augmentation de la dette publique, pousse les marchés financiers à anticiper une augmentation des déficits budgétaires. Cela entraîne une montée des taux d’intérêt aux États-Unis, qui se répercute ensuite en Europe et en Suisse.
Le retour de Trump a également ravivé les tensions commerciales et géopolitiques, incitant certains investisseurs internationaux à réorienter leurs capitaux. Or, la Suisse, longtemps perçue comme un refuge pour les capitaux étrangers, pourrait voir certains flux d’investissement se tarir si l’incertitude économique s’accentue.
Un autre facteur clé est la politique de la Banque nationale suisse (BNS), qui doit ajuster ses taux directeurs en fonction de l’environnement économique global. Bien que l’inflation en Suisse soit restée sous contrôle, la BNS pourrait être contrainte de maintenir des taux plus élevés que prévu pour éviter des fuites de capitaux et soutenir le franc suisse face aux turbulences internationales.
Si l’incertitude domine encore quant à l’évolution future des taux, certains économistes estiment que la Suisse pourrait entrer dans une nouvelle ère de taux d’intérêt durablement plus élevés. Cette perspective est alimentée par l’augmentation des besoins en financement public, notamment pour les secteurs de la défense, de la transition énergétique et de l’intelligence artificielle, qui absorbent une part croissante des ressources financières disponibles.