Le Conseil national valide un budget militaire de 1,7 milliard de francs

Le Conseil national approuve un budget militaire de 1,7 milliard de francs pour 2025, malgré une opposition de gauche centrée sur d’autres priorités sécuritaires.

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Les billets d'argent en francs et les munitions
Le Conseil national valide un budget militaire de 1,7 milliard de francs - crédit : Shutterstock | Econostrum.info - Suisse

Le Conseil national a donné son feu vert à un nouveau budget de l’armée s’élevant à 1,7 milliard de francs, malgré une vive opposition de la gauche. Cette enveloppe vise à renforcer l’équipement et les capacités de défense du pays, dans un contexte géopolitique tendu.

Le Parlement suisse poursuit sa trajectoire vers un financement militaire équivalant à 1 % du PIB d’ici 2032. Le débat parlementaire autour de ce budget met en lumière des visions divergentes sur les menaces prioritaires à anticiper et les investissements à privilégier.

La discussion a été marquée par des désaccords sur les besoins réels de l’armée helvétique, entre urgences perçues et critiques sur la gestion passée des ressources.

Un soutien massif malgré les critiques

Les crédits d’engagement de 1,69 milliard de francs pour 2025, dont 1,5 milliard consacrés au programme d’armement, ont été largement approuvés par le Conseil national par 166 voix contre 23. Ces investissements doivent financer notamment l’acquisition de nouveaux blindés. Selon Blick, cette décision s’appuie sur l’objectif fixé par le Parlement d’atteindre une part du PIB allouée à l’armée de 1 % d’ici à 2032.

Plusieurs conseillers nationaux issus de la droite ont souligné l’urgence de ces investissements. Jacques Nicolet (UDC/VD), s’exprimant au nom de la commission des finances, a affirmé que « la situation géopolitique et les délais d’achat » justifiaient cet effort budgétaire. Jacqueline de Quattro (PLR/GE) a insisté sur la nécessité d’« augmenter notre capacité à durer », rapporte encore le média helvétique.

Le chef du Département fédéral de la défense, Martin Pfister, a justifié la démarche en rappelant que même si le risque d’une attaque directe est faible, l’armée doit être prête à défendre le pays efficacement, en raison notamment des longs délais requis pour l’acquisition de matériel.

Une opposition ferme sur les priorités de défense

Les partis de gauche ont exprimé leur opposition à ces dépenses, estimant qu’elles ne correspondent pas aux menaces les plus actuelles. Pour Balthasar Glättli (Vert-e-s/ZH), la guerre se déroule en Ukraine et non en Suisse, et la probabilité d’une attaque militaire est jugée très faible. Il a évoqué d’autres risques plus immédiats comme les cyberattaques, la radicalisation ou la manipulation des réseaux sociaux.

Fabian Molina (PS/ZH) a défendu l’idée d’un renforcement de la cybersécurité et de la coopération internationale. Il a affirmé qu’« une meilleure protection de la population contre les dangers naturels et une politique active pour la paix » seraient plus pertinentes pour assurer la sécurité du pays.

Clarence Chollet (Vert-e-s/NE) a quant à lui dénoncé une « liste au Père Noël » qui manquerait de vision globale, tandis que Sarah Wyss (PS/BS) a critiqué l’incapacité de l’armée à gérer efficacement certains projets passés, notamment informatiques, ainsi que l’absence d’un financement de compensation pour ce budget augmenté.

Des désaccords sur la mise hors service des avions Tiger

Un autre point de friction a concerné le sort des avions F-5 Tiger. Le Conseil national pourrait acter leur retrait, jugé coûteux et peu utile par plusieurs élus. La rapporteuse de la commission a expliqué que ces appareils « ne contribuent guère au renforcement de notre capacité de défense ».

Pour l’UDC, cette décision serait prématurée. Markus Schnyder (UDC/GL) a mis en garde contre une « lacune de sécurité dès 2030 » en cas de retrait des Tiger. Heinz Theiler (PLR/SZ) a reconnu que cette mise hors service serait douloureuse, mais qu’elle permettrait de réorienter 44 millions de francs par an vers d’autres projets de l’armée.

Jean-Luc Addor (UDC/VS) a estimé que les fonds actuellement débloqués représentent « le strict minimum » et que les moyens restent insuffisants pour équiper correctement les troupes, notamment en munitions pour les nouveaux systèmes d’artillerie et de défense sol-air.

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