Le Conseil fédéral a annoncé une réduction des subventions allouées aux transports publics régionaux (TRV), entraînant une possible augmentation des prix.
Le Conseil fédéral mise sur la hausse des prix des transports publics pour économiser 60 millions de francs par an
Le Conseil fédéral envisage une réduction importante des subventions allouées aux transports publics régionaux, ce qui pourrait provoquer une hausse des prix des billets et une diminution de l'offre. Face à cette situation, les cantons se mobilisent pour éviter une dégradation du service tout en s'inquiétant d'un transfert de la charge financière.
Cette mesure, qui vise à économiser 60 millions de francs par an à partir de 2025, suscite une levée de boucliers de la part des cantons. En effet, alors que la voiture devient de plus en plus compétitive en termes de coûts, les cantons s'inquiètent d'un désengagement fédéral qui pourrait alourdir leur propre budget.
Une réduction des subventions de 60 millions dès 2025
Le Conseil fédéral a décidé de réduire les subventions destinées aux transports régionaux de voyageurs (TRV), incluant les RER, les bus et les trains régionaux. Cette mesure vise à économiser environ 60 millions de francs par an, un coup dur pour les cantons qui partagent avec la Confédération le coût de fonctionnement de ces services. Aujourd'hui, la Confédération prend en charge environ 50 % du déficit des TRV, le reste étant couvert par les cantons selon leurs spécificités structurelles. Par exemple, Genève couvre 71 % du déficit, tandis que le Jura n'en assume que 26 %.
Ces coupes pourraient se traduire par des augmentations de tarifs, une baisse de la qualité du service ou encore une réduction de l'offre de transport. Les cantons, particulièrement concernés, s'inquiètent d'une augmentation de leur part financière si la Confédération réduit sa contribution.
Les cantons en désaccord face à une hausse des tarifs
Les cantons, qui cherchent à maintenir une offre de transport public attractive, sont pris dans un dilemme. À Zurich, où le taux de couverture des coûts est déjà élevé, les autorités mettent en garde contre les effets pervers d'une hausse des tarifs. Cristina Maurer, porte-parole des ZVV (transports zurichois), souligne que si les prix augmentent trop, de nombreux passagers risquent de se tourner vers des alternatives moins coûteuses, comme la voiture, dont les frais n'ont pas suivi la même tendance inflationniste.
À Lucerne et Saint-Gall, les mêmes inquiétudes sont soulevées. Pascal Süess, directeur des transports publics de Lucerne, insiste sur l'importance d'une offre accessible à des prix raisonnables pour encourager une mobilité durable. Une réduction de l'offre ou une augmentation importante des prix pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la fréquentation.
La voiture, une alternative de plus en plus tentante
L'une des principales préoccupations des cantons réside dans la concurrence croissante de la voiture, dont les coûts ont stagné, voire diminué. Alors que les prix des transports publics continuent d'augmenter, une part croissante de la population pourrait se détourner des bus et des trains au profit des véhicules individuels, notamment dans les régions où les trajets en voiture sont déjà plus avantageux.
Dans le canton des Grisons, Thierry Müller, responsable des transports publics, explique que le potentiel d'augmentation des prix est limité par rapport à d'autres pays européens où les tarifs sont nettement plus compétitifs. Les autorités locales misent sur une gestion rigoureuse des coûts et des recettes pour éviter une hausse trop brutale des tarifs, tout en maintenant une offre de qualité.
Dans ce contexte, les tensions entre la Confédération et les cantons semblent inévitables. Alors que l'administration fédérale des finances doit présenter un projet de consultation d’ici janvier 2025, le débat reste ouvert sur la manière dont les cantons pourront gérer cette nouvelle réalité budgétaire sans nuire à l'anattractivité des transports publics.