Face à une hausse continue des dépenses, la Confédération cherche à réduire son déficit budgétaire tout en respectant le frein à l’endettement. Ce mécanisme impose à l’État fédéral de ne pas dépenser plus que ses recettes à long terme. Selon le Conseil fédéral, ces économies permettront de répondre aux besoins croissants de l’armée, dont les ressources doivent être renforcées, et de financer les engagements de l’AVS, qui bénéficie d’un soutien fédéral important.
Ces mesures avaient été annoncées dès septembre 2024, et leur mise en œuvre est jugée nécessaire par le gouvernement pour garantir la viabilité budgétaire de la Suisse. Cependant, malgré ces restrictions, les dépenses fédérales continueront à croître de plus de 2 % par an, atteignant une augmentation de 3 milliards de francs en 2027.
Une répartition inégale des efforts budgétaires
Le programme de la Confédération touche plusieurs secteurs, mais certains sont particulièrement affectés. Les dépenses sociales seront réduites, notamment via une baisse des subventions aux primes d’assurance maladie et une limitation des mesures d’intégration. Ces coupes inquiètent l’Union syndicale suisse (USS) et le Parti socialiste (PS), qui estiment qu’il serait préférable d’agir sur les recettes plutôt que de réduire les prestations.
Les mesures environnementales sont également concernées. Les Vert-e-s dénoncent les coupes dans les programmes d’assainissement des bâtiments et dans le soutien aux transports publics, qui risquent de compromettre les objectifs climatiques de la Suisse. BirdLife Suisse critique également la baisse des financements alloués à la biodiversité, estimant que le gouvernement renie les engagements pris lors de la votation sur l’initiative biodiversité.
L’Union des étudiants suisses (UNES) s’inquiète, quant à elle, de l’impact du programme sur la formation. L’association dénonce l’augmentation des taxes d’études, jugée insoutenable pour les étudiants, et annonce le lancement d’une pétition intitulée « Doubler les taxes d’études? L’échec !« .
L’agriculture est aussi touchée par ces économies de la Confédération. L’Union suisse des paysans (USP) regrette la remise en question de certains instruments de la politique agricole, estimant que ces décisions fragiliseront la position du secteur sur les marchés et auront des conséquences économiques plus larges.
Une contestation politique et économique
Le programme d’économies suscite des réactions contrastées au sein de la classe politique et des milieux économiques. Les partis de gauche et les syndicats dénoncent une politique unilatérale, concentrée sur les coupes budgétaires sans réforme des recettes. Ils proposent d’examiner des solutions alternatives, comme la suppression des déductions fiscales jugées inefficaces ou l’introduction de contributions solidaires sur le capital.
À l’inverse, l’Union suisse des arts et métiers (USAM) soutient l’initiative du Conseil fédéral, estimant qu’elle est nécessaire pour garantir la stabilité financière. L’organisation insiste sur la nécessité de limiter strictement les dépenses, sans augmenter les impôts. Elle plaide également pour des réformes structurelles, soulignant que les dépenses liées représenteront plus de 68 % du budget fédéral d’ici 2032.