La Confédération finance l’aviation privée des plus riches à coups de millions d’impôts

La Suisse prévoit 33,2 millions de francs pour ses aéroports régionaux en 2024, principalement utilisés par l’aviation privée. Ce soutien public interroge sur l’usage des fonds fédéraux.

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Aviation privée
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L’aviation régionale suisse a connu une transformation significative ces dernières années. Autrefois fréquentés par des passagers en correspondance avec les grandes villes européennes, des aéroports comme ceux de Berne-Belp ou Lugano ont perdu leurs lignes régulières. En parallèle, l’aviation d’affaires a pris une place croissante dans ces infrastructures. Cette évolution interroge sur la pertinence du soutien financier accordé par la Confédération.

Dans le même temps, le financement public de ces aéroports soulève un débat politique et économique. Selon le journal Tages-Anzeiger, ces infrastructures reçoivent des subventions importantes, bien que leur rôle pour le transport de la population ait diminué. L’augmentation du trafic de jets privés et l’utilisation de ces fonds pour des infrastructures largement employées par l’aviation d’affaires posent la question de leur justification.

Des aéroports soutenus malgré la chute du trafic commercial

Les aéroports régionaux suisses ne disposent plus des liaisons régulières qu’ils avaient par le passé. Berne et Lugano, autrefois connectés aux grandes villes européennes, ne proposent plus de vols quotidiens. Pourtant, ces infrastructures continuent de recevoir des fonds publics. D’après une étude relayée par Blick, un tiers des vols d’affaires en Suisse transitent par ces aéroports régionaux.

Ce soutien leur permet de maintenir une compétitivité tarifaire appréciée par l’aviation privée. Cette situation soulève des interrogations sur la réelle utilité de ces subventions pour le contribuable. En parallèle, d’autres activités, comme la formation des pilotes et l’aviation de sécurité, continuent d’utiliser ces installations, ce qui alimente un débat sur leur importance et leur rôle.

L’aviation d’affaires, grande bénéficiaire des infrastructures

L’aviation d’affaires occupe une place croissante dans l’activité des aéroports régionaux. À Samedan, où se trouve l’Engadin Airport, cette réalité est particulièrement visible. Selon Christian Gorfer, porte-parole de l’aéroport, 80 % des mouvements annuels concernent des missions de sécurité publique et de transport en hélicoptère, notamment pour le déclenchement préventif d’avalanches et la sécurisation des routes de montagne.

Dans d’autres aéroports comme ceux de Saint-Gall-Altenrhein et de La Chaux-de-Fonds, la formation des pilotes représente également une part significative du trafic. Les exploitants affirment que les critiques sur l’usage des fonds publics sont exagérées, car ces installations servent toujours à des missions essentielles. Toutefois, la réduction du trafic commercial et la place croissante de l’aviation privée alimentent le débat.

Un soutien financier remis en question

Face aux critiques, le Conseil fédéral envisage une réduction drastique des aides accordées aux aéroports régionaux. La ministre des Finances, Karin Keller-Sutter, a proposé de réduire ces subventions à cinq millions de francs, une somme qui ne bénéficierait plus qu’aux infrastructures de Granges et Berne-Belp.

Si cette mesure est adoptée, elle pourrait signifier la fin de nombreux petits aéroports régionaux. Certains gestionnaires affirment qu’ils ne pourront pas survivre sans ces aides. Toujours selon Blick, plusieurs exploitants alertent sur les conséquences économiques et locales d’un tel retrait du financement public. La consultation en cours devra trancher entre la nécessité de maintenir ces infrastructures et la volonté de réduire les dépenses fédérales.

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