Les exportations suisses aux États-Unis étaient jusqu’à récemment soumises à des droits de douane relativement bas. Selon les données fournies par le Secrétariat d’État à l’économie (SECO), les produits industriels suisses, qui représentent une grande partie des exportations vers les États-Unis, bénéficiaient de droits de douane généralement inférieurs à 5%, avec parfois des taux proches de 0% pour certaines marchandises couvertes par des accords commerciaux particuliers. L’importance des États-Unis dans les exportations suisses ne peut être sous-estimée : avec environ 53 milliards de francs suisses d’exportations, ce pays est le premier marché d’exportation de la Suisse, devant l’Allemagne, comme l’indique EconomieSuisse.
Cependant, depuis mars 2018, certains secteurs avaient déjà été affectés par des droits de douane supplémentaires, notamment l’acier et l’aluminium. Les États-Unis avaient imposé des droits de 25% sur l’acier et 10% sur l’aluminium pour des raisons de sécurité nationale, affectant directement l’industrie métallurgique suisse. En 2023, les exportations suisses d’acier et d’aluminium vers les États-Unis représentaient environ 80 millions de francs suisses annuels. Face à ces mesures, la Suisse avait contesté ces décisions auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui lui avait donné raison en décembre 2022.
L’horlogerie et l’industrie de précision : des secteurs particulièrement exposés
L’industrie horlogère, l’un des fleurons de l’économie suisse, représente un secteur clé des exportations vers les États-Unis. En 2024, les exportations horlogères vers le marché américain ont atteint près de 4 milliards de francs suisses. Jusqu’à récemment, ce secteur bénéficiait de droits de douane moyens d’environ 4,5%. Toutefois, l’augmentation des droits de douane à 31% prévue par la nouvelle politique commerciale de Trump risque d’entraîner une hausse considérable des coûts pour les entreprises horlogères suisses. Ce changement pourrait nuire à la compétitivité des horlogers suisses sur le marché américain, surtout dans un secteur où les marges sont souvent réduites et où la concurrence est particulièrement forte.
L’impact ne se limite pas à l’horlogerie. Les secteurs de la mécanique de précision, qui exportent également vers les États-Unis, seront eux aussi confrontés à des tarifs douaniers beaucoup plus élevés, rendant leurs produits moins attractifs pour les consommateurs américains. Ces changements sont particulièrement préoccupants pour les petites et moyennes entreprises suisses, qui pourraient avoir plus de difficultés à absorber l’augmentation des coûts induite par ces droits de douane, relaye la même source en soulignant la fragilité des secteurs exportateurs.
L’industrie pharmaceutique : une exception, mais pas totalement épargnée
L’industrie pharmaceutique suisse est, de son côté, largement épargnée par les nouvelles mesures de Trump. Contrairement à d’autres secteurs, les exportations pharmaceutiques vers les États-Unis restent exemptées des droits de douane de 31%. Ce secteur représente une part importante des exportations suisses vers les États-Unis, et l’exemption de taxes douanières est donc un atout majeur pour la Suisse. Cependant, cela ne signifie pas que l’industrie pharmaceutique échappe totalement à l’impact de la nouvelle politique commerciale. Bien qu’elle soit en grande partie épargnée par les droits de douane, cette politique pourrait néanmoins perturber la fluidité des échanges commerciaux et affecter les relations bilatérales entre les deux pays.
Le reste des exportations suisses, notamment les produits agroalimentaires comme le chocolat, le café torréfié et le fromage, seront soumis à des droits de douane de 31%. Cette situation est particulièrement préoccupante pour ces secteurs, qui dépendent fortement du marché américain. Pour l’industrie agroalimentaire suisse, ces droits supplémentaires pourraient entraîner une baisse de la demande, et donc un impact sur leur rentabilité.
Les réactions officielles en Suisse face à la nouvelle politique commerciale
Face à cette décision, le Conseil fédéral suisse a rapidement réagi. Karin Keller-Sutter, la présidente du gouvernement suisse, a affirmé que la Suisse ne souhaitait pas une escalade des tensions commerciales avec les États-Unis. Elle a précisé que le gouvernement suisse allait continuer à dialoguer avec les autorités américaines et étudier les options possibles pour faire face à cette situation. Le ministre de l’Économie, Guy Parmelin, a indiqué qu’il ne s’attendait pas à ce que ces nouvelles mesures entraînent une récession immédiate en Suisse. Cependant, il a souligné que des secteurs comme la mécanique, l’horlogerie et l’agroalimentaire subiraient une pression supplémentaire importante.
Bien que certaines exportations, comme les produits pharmaceutiques et l’or, restent exemptées des nouveaux droits de douane, le Conseil fédéral devra surveiller attentivement l’évolution de la situation. En l’absence de contre-mesures immédiates, la Suisse risque de devoir faire face à un environnement commercial plus difficile avec les États-Unis, ce qui pourrait freiner la croissance de plusieurs secteurs clés de son économie.