On le croyait disparu avec la faillite de l’équipementier Takata en 2017, mais le problème des airbags défectueux refait surface. Il y a dix ans, ce scandale éclatait aux États-Unis, révélant que ces déclencheurs de coussins de protection équipaient environ 20 % du marché automobile mondial. Plus d’une trentaine de marques, dont Ferrari, avaient été concernées, déclenchant l’une des plus vastes campagnes de rappel de l’histoire, totalisant près de 100 millions de véhicules à travers le monde, précise Tribune de Genève.
En France, la situation a récemment pris un tournant critique. Plus de 236 000 propriétaires de Citroën immatriculées entre 2008 et 2013 dans la moitié nord du pays ont été priés d’arrêter immédiatement d’utiliser leur voiture. Cette mesure radicale fait suite à de nouveaux tests effectués sur un véhicule en Loire-Atlantique, mettant en évidence une dégradation du nitrate d’ammonium, l’agent chimique utilisé pour provoquer le gonflement des airbags en cas de choc.
Cette substance, connue pour son instabilité en cas de forte humidité, a été à l’origine de catastrophes majeures comme l’explosion du port de Beyrouth et celle de l’usine AZF à Toulouse. La justice française a déjà attribué à ces airbags la responsabilité d’une douzaine de décès, principalement en outre-mer.
Un rappel national en Suisse
La Suisse n’échappe pas à cette vague de rappels. Citroën y a lancé une campagne nationale il y a trois mois, touchant environ 18 000 véhicules, dont 14 000 modèles C3 et DS3 ainsi que 4 100 C4. Selon Dusan Radic, porte-parole de Citroën Suisse, la priorité est donnée aux véhicules les plus anciens, car les analyses ont démontré que le comportement chimique des composants se détériore davantage avec le temps.
Le remplacement de l’airbag prend environ une demi-heure, et les concessions disposent actuellement des pièces nécessaires pour mener l’opération. Depuis le début de la campagne, 10 % des véhicules concernés ont déjà vu leur airbag Takata remplacé, indique Tribune de Genève.
Ce rappel s’inscrit dans une stratégie plus large de Stellantis, maison mère de Citroën et DS, qui a déjà mené en 2023 une vague d’immobilisations aux Antilles et en Guyane. En 2024, une campagne similaire de « stop drive » a concerné 530 000 C3 et DS3 vendues entre 2009 et 2019 dans le sud de la France, le sud de l’Europe et le Maghreb. Depuis, plus de 400 000 véhicules ont été réparés.
Dix ans après Honda et Toyota, une affaire toujours ouverte
Ce rappel intervient dix ans après les premières campagnes menées par d’autres constructeurs. En Suisse, Honda avait lancé dès 2014 un rappel visant plus de 10 000 véhicules, principalement des modèles Jazz et Civic fabriqués entre 2004 et 2007. Toyota avait suivi en rappelant près de 23 000 modèles Yaris, Corolla, Avensis Verso, Picnic, RAV4 et Hilux produits entre 2003 et 2007.
Malgré les nombreux rappels effectués depuis plus d’une décennie, l’ampleur des véhicules touchés reste floue. Les importateurs suisses, dont AMAG, représentant Volkswagen, Skoda, Audi et Seat, n’ont pas répondu aux sollicitations concernant le nombre exact de véhicules concernés par ces rappels successifs. Le groupe allemand avait pourtant provisionné dès 2015 une enveloppe de 300 millions d’euros pour remplacer ces airbags.
L’attention reste aujourd’hui tournée vers Stellantis, mais l’histoire des airbags Takata montre que d’autres marques pourraient encore être concernées par ces rappels, prolongeant une affaire qui semblait pourtant avoir trouvé son épilogue, rappelle la même source.