Ces pays sans Suisses se distinguent par leur isolement géographique, leur situation politique ou la taille réduite de leur population. La RTS, en relayant ces données, dresse un portrait de ces terres restées hors de portée de la Cinquième Suisse.
La population suisse vivant à l’étranger a atteint 826 700 personnes en 2024, en hausse de 13 300 individus par rapport à l’année précédente, selon l’Office fédéral de la statistique. Si cette tendance est continue depuis 2002 – à l’exception de l’année 2017 – elle ne concerne pas l’intégralité des pays du globe. Cinq États, bien identifiés, ne recensent aucun citoyen helvétique inscrit auprès des représentations diplomatiques suisses.
Cette absence concerne aussi bien des micro-États insulaires du Pacifique que des régimes fermés d’Asie. Le registre inclut aussi les Suisses employés par le Département fédéral des affaires étrangères à l’étranger, ce qui rend cette statistique encore plus significative.
Nauru, un vide absolu depuis toujours
Parmi les cinq pays concernés, un seul n’a jamais vu résider de citoyen suisse depuis le début de la compilation des données par l’OFS, il y a 31 ans : Nauru. Cet État insulaire minuscule du Pacifique, situé à 14 473 kilomètres de Berne au nord-est de l’Australie, ne couvre que 21 kilomètres carrés. Il s’agit du troisième plus petit pays du monde.
Dans les années 1970, l’exploitation du phosphate avait pourtant fait de Nauru l’un des pays les plus riches de la planète. Depuis l’épuisement des réserves, Nauru est désormais l’un des plus pauvres. Le pays est également connu pour avoir accueilli un camp de réfugiés financé par l’Australie et pour présenter un des taux de diabète les plus élevés au monde. Aucune présence suisse n’a jamais été enregistrée, une singularité qui en fait un cas à part dans les statistiques suisses.
Tuvalu, Turkménistan, Corée du Nord : des présences disparues
Le cas de Tuvalu est différent. Aucun Suisse n’y réside depuis 2003, mais entre 1995 et 2002, un ressortissant y avait élu domicile. Cet archipel du Pacifique compte environ 10 000 habitants.
En Asie centrale, le Turkménistan n’a plus de citoyens suisses enregistrés depuis 2016. En 2010, huit ressortissants y étaient encore inscrits. Ce pays autoritaire, bordé par la mer Caspienne, l’Iran, l’Afghanistan, l’Ouzbékistan et le Kazakhstan, est doté de vastes réserves de gaz naturel. La Direction du développement et de la coopération (DDC) n’y a jamais ouvert de bureau.
En Corée du Nord, la présence suisse a cessé en 2022. Depuis le début du relevé statistique, des citoyens helvétiques y étaient toujours recensés, notamment dans le cadre de missions humanitaires. Dès 1995, la DDC y avait mené des actions en réponse à la famine, comme la fourniture de lait en poudre au Programme alimentaire mondial. Mais la fermeture du bureau de coopération à Pyongyang et les restrictions liées à la pandémie ont mis fin à cette présence.
Depuis mars 2020, l’entrée dans le pays est interdite. Selon la DDC, les activités futures de la Suisse en Corée du Nord dépendront de la réouverture du pays aux travailleurs humanitaires.
Des îles peuplées mais désertées par les Suisses
Les îles Marshall et les Palaos, deux autres États insulaires du Pacifique, ne figurent plus dans les statistiques helvétiques récentes. Aux îles Marshall, situées entre Hawaï et les Philippines, un ou deux Suisses étaient encore régulièrement enregistrés jusqu’en 2020. Depuis 2021, plus aucun ressortissant n’y est installé.
Aux Palaos, trois Suisses étaient présents en 2020. Parmi eux, la biologiste marine Vanessa Jaiteh. Elle explique avoir quitté le pays pendant la pandémie, après une succession de déménagements depuis l’Australie puis le Ghana. De retour dans l’Oberland bernois avec sa famille, elle évoque un séjour récent aux Palaos pour faire découvrir à ses enfants leur « premier chez-eux ». Depuis 2023, un nouveau ressortissant suisse y est enregistré, mais Vanessa Jaiteh ne sait pas de qui il s’agit.
La RTS mentionne aussi un cas singulier : celui de Fredy Gull, 79 ans, installé depuis plus de vingt ans dans les États fédérés de Micronésie. Sur l’île de Yap, il brasse de la bière pour les touristes et reste très informé sur l’actualité suisse malgré les 12 951 kilomètres qui le séparent de son pays d’origine.