Les marchés boursiers mondiaux ont été bouleversés par un événement inattendu. Lundi, les actions des entreprises de la Silicon Valley, réputées pour leur solidité, ont dégringolé. En cause : la découverte que l’IA pourrait fonctionner avec une puissance de calcul bien moindre que prévu, ce qui a mis à mal les grandes attentes placées dans ce secteur. Nvidia, leader dans la fourniture de puces pour l’IA, a ainsi subi une perte colossale. Mais si la chute a été immédiate pour les géants américains, quelles en seront les conséquences à plus large échelle, notamment pour la Suisse ?
Cette chute des actions des géants technologiques américains est en grande partie due à l’émergence d’une nouvelle concurrence chinoise. La start-up Deepseek a révélé un modèle d’IA utilisant des puces Nvidia allégées, produisant des résultats similaires à ceux des technologies existantes, mais pour une fraction du coût. L’impact de cette découverte a provoqué une panique sur les marchés boursiers mondiaux, notamment aux États-Unis, où les investisseurs ont pris conscience que l’IA pourrait ne pas générer les bénéfices attendus. Mais comment cette crise touche-t-elle les autres marchés, et notamment la Suisse ?
Une chute des actions record pour les géants américains
Lundi 27 janvier, le secteur technologique américain a subi une perte historique de plus de 1 000 milliards de dollars. Les actions des entreprises comme Meta, Microsoft, et Nvidia ont plongé de manière spectaculaire. Ce dernier, un acteur majeur dans le domaine des semi-conducteurs et des puces pour l’IA, a vu sa valeur boursière perdre 600 milliards de dollars en une seule journée. Cela constitue la plus grande perte de valeur boursière individuelle jamais enregistrée dans l’histoire.
Cette chute a été alimentée par l’annonce d’une nouvelle avancée technologique en provenance de la Chine. Deepseek, une start-up chinoise, a révélé avoir développé un modèle d’IA capable de fonctionner avec des puces Nvidia allégées. Ce modèle d’IA a été conçu avec un investissement de seulement 5,6 millions de dollars, comparé aux 100 millions à 1 milliard de dollars investis par des entreprises américaines comme OpenAI, Meta ou Microsoft pour des technologies similaires. La possibilité d’obtenir des performances proches avec des coûts bien plus faibles a mis en lumière la vulnérabilité des acteurs américains.
L’impact de Deepseek et la montée de la concurrence chinoise
La montée en puissance de la start-up Deepseek a marqué un tournant pour les investisseurs américains. Cette découverte remet en question l’argument selon lequel les technologies d’IA allaient générer des bénéfices colossaux pour les géants technologiques. La nouvelle concurrence chinoise est d’ores et déjà capable de proposer des solutions plus accessibles financièrement, ce qui pousse les investisseurs à revoir leurs attentes concernant l’avenir de l’IA et des entreprises comme Nvidia.
Le marché, qui avait anticipé une croissance fulgurante du secteur, commence à redouter l’impact de l’émergence de nouveaux acteurs sur le marché de l’IA. Johannes von Mandach, économiste chez Wellershoff & Partners, explique que les bénéfices des géants américains risquent d’être sérieusement comprimés par cette innovation. Les bénéfices élevés du secteur attirent les concurrents et poussent à l’innovation, mais c’est justement cette innovation qui peut réduire les profits des entreprises établies, voire les faire disparaître. Les investisseurs ont ainsi pris conscience que le marché des IA n’entraînera pas nécessairement une hausse durable des bénéfices pour les entreprises technologiques.
Quelles répercussions pour la Suisse ?
Bien que la chute boursière ait secoué les marchés mondiaux, l’impact en Suisse semble plutôt limité pour l’instant. En effet, le Swiss Market Index (SMI) a clôturé la journée de lundi en hausse de 1,5%. L’indice a même continué sur sa lancée en début de semaine suivante, atteignant son plus haut niveau en trois ans. Selon Roman Przibylla, expert en investissement chez Maverix Securities, la faible présence d’actions technologiques dans l’indice SMI joue un rôle défensif pour la Bourse suisse.
Les entreprises suisses, qui ne sont pas fortement exposées aux entreprises de la tech américaine, semblent donc relativement protégées des effets immédiats de cette crise. Le marché suisse, avec sa structure plus diversifiée, a en effet montré une résilience face aux secousses financières mondiales. Tant que l’incertitude ne s’étend pas à d’autres secteurs économiques, il est peu probable que cette situation ait des répercussions importantes sur la Bourse suisse.
La réponse de Donald Trump et la stratégie américaine
L’impact de cette crise est également renforcé par la stratégie américaine vis-à-vis de la Chine. Dès son entrée en fonction, l’ancien président américain Donald Trump avait annoncé un investissement massif dans le secteur de l’IA, à hauteur de 500 milliards de dollars. Cependant, il a également mis en place des restrictions sur l’exportation de technologies sensibles vers la Chine, le principal concurrent des États-Unis.
Mais la révélation de Deepseek remet en cause cette politique. L’émergence de la start-up chinoise montre que les restrictions américaines ne suffisent pas à maintenir la domination des entreprises américaines sur le marché de l’IA. Bien que Trump ait réagi en qualifiant cet incident de « rappel à l’ordre » pour les industries américaines, il reste optimiste, estimant que cet événement pourrait pousser la Silicon Valley à innover et à réduire ses coûts pour rester compétitive.