Depuis la mi-octobre, les chocolats Lindt avaient déserté les rayons de Migros, conséquence directe d’un désaccord tarifaire entre le distributeur suisse et le célèbre chocolatier de Kilchberg. Ce conflit commercial intervenait dans un contexte tendu, alors que le marché du cacao connaissait une baisse de cours significative, incitant Migros à réclamer une révision des prix d’achat.
À quelques semaines de Noël, les deux entreprises sont finalement parvenues à un compromis, scellant un accord attendu par les consommateurs. Cette résolution illustre les tensions croissantes entre producteurs de marques premium et grandes chaînes de distribution sur fond d’inflation et de volatilité des matières premières.
Une négociation menée à l’avantage du chocolatier
Le désaccord entre Migros et Lindt & Sprüngli portait principalement sur les prix de gros appliqués au distributeur. Migros, s’appuyant sur la récente baisse du cours mondial du cacao, estimait que cette évolution devait se traduire par des prix d’achat plus avantageux. L’objectif affiché : éviter de répercuter des tarifs trop élevés aux consommateurs, tout en assurant une cohérence économique face aux produits concurrents. La demande de chocolat connaissant un pic saisonnier à Noël, la rupture d’approvisionnement dans certains magasins Migros et Denner avait rapidement suscité des réactions dans les médias et sur les réseaux sociaux.
De son côté, Lindt & Sprüngli a défendu le maintien de ses prix en invoquant le positionnement haut de gamme de ses produits, ainsi que des coûts de production stables, indépendamment des fluctuations temporaires du marché. Malgré les pressions, le chocolatier n’a pas consenti de baisse tarifaire significative, selon les informations publiées par Blick et l’agence AWP. C’est donc sans concession majeure sur le plan des prix que Lindt ressort de cette négociation. Un porte-parole de l’entreprise a indiqué vendredi 5 décembre qu’une solution avait été trouvée, bien que quelques détails techniques restaient encore à finaliser.
Le PDG de Migros, Mario Irminger, avait d’ailleurs anticipé la signature de cet accord en déclarant publiquement dans l’émission Eco de la SRF, dès le lundi précédent, qu’un compromis avait été conclu. Cette annonce préparait déjà le terrain à un retour rapide des produits Lindt dans les rayons, évitant ainsi que d’autres marques profitent durablement de cette absence.
Retour des produits sans baisse de prix immédiate
Selon une porte-parole de Migros, les chocolats Lindt réintégreront progressivement les linéaires de Migros et de Denner « dans les prochains jours ». L’accord prévoit donc une reprise immédiate des ventes, mais sans ajustement des prix dans l’immédiat. Contrairement à ce que laissait présager le positionnement initial de Migros, aucune baisse de tarif n’a été imposée à Lindt dans le cadre de ce compromis. La possibilité de futures évolutions tarifaires est néanmoins évoquée, avec des « adaptations éventuelles » qui pourraient être examinées courant 2026.
Malgré cette concession sur les prix, Migros affirme avoir obtenu des garanties sur la transparence des conditions commerciales. L’enseigne évoque désormais des « prix justes et compréhensibles », dans le but de préserver une offre attractive sans pénaliser les marges ou la perception de qualité. L’objectif de Migros reste que « les clients ne paient pas trop cher pour un produit de marque », selon les déclarations transmises à la presse.
Cette affaire illustre les tensions récurrentes dans le commerce de détail suisse entre les fournisseurs de marques nationales et les distributeurs soucieux de défendre leur compétitivité face à des chaînes discount ou des importations. Dans un pays où le prix des denrées alimentaires est régulièrement au cœur du débat public, les négociations comme celle entre Migros et Lindt deviennent des enjeux de communication autant que de rentabilité. Le timing de la résolution – à quelques jours des fêtes – confirme l’importance stratégique de cette période pour les deux entreprises.








