CFF : une réforme du signal de départ inquiète le personnel pour la sécurité des passagers

Les CFF envisagent de confier aux conducteurs la responsabilité du départ des trains grandes lignes, une tâche jusqu’ici assurée par les assistants clientèle. Cette mesure, destinée à améliorer la ponctualité, suscite une vive inquiétude parmi le personnel, qui redoute des conséquences sur la sécurité.

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CFF : une réforme du signal de départ inquiète le personnel pour la sécurité des passagers | Econostrum.info - Suisse

Actuellement, dans la plupart des trains grandes lignes des CFF, les assistants clientèle sont responsables du signal de départ. Ils vérifient que tous les passagers sont montés ou descendus en sécurité, puis envoient un SMS au conducteur pour autoriser le départ. Cette procédure pourrait disparaître, les CFF souhaitant déléguer cette tâche aux conducteurs eux-mêmes.

L’expérimentation, baptisée « auto-départ IR 13 », concerne l’InterRegio 13 reliant Zurich à Sargans via Saint-Gall. L’objectif affiché est de réduire les délais d’attente aux correspondances dans ces gares, où les temps de changement sont particulièrement courts. Selon les CFF, cette nouvelle organisation permettrait d’économiser les précieuses secondes nécessaires à l’envoi du SMS, améliorant ainsi la ponctualité.

La sécurité en question

Ce projet suscite une vive opposition parmi le personnel ferroviaire. Les assistants clientèle et les syndicats craignent qu’un départ automatisé n’entraîne une augmentation des risques. Aujourd’hui, deux agents postés sur le quai contrôlent la situation avant de donner le feu vert au conducteur. Avec l’auto-départ, toute la responsabilité reposerait sur le mécanicien de locomotive, qui ne dispose pas de la même visibilité, surtout sur les trains longs comme ceux de l’IR 13.

La crainte d’un accident est renforcée par le drame survenu en août 2019 à Baden, où un assistant clientèle a perdu la vie après avoir été coincé et traîné par une porte. À la suite de cet événement, les CFF avaient modifié leurs procédures, imposant que le SMS de départ ne soit envoyé qu’une fois les agents de bord à l’intérieur du train. Les syndicats redoutent que cette garantie ne disparaisse avec l’auto-départ.

René Zürcher, secrétaire syndical du Syndicat du personnel des transports (SEV), souligne que cette nouvelle procédure transfère toute la responsabilité à une seule personne dans la cabine de conduite. Il insiste sur l’importance du contrôle visuel assuré par plusieurs membres du personnel : « Si c’est le personnel de bord qui s’en charge, il y a tout simplement plus d’yeux qui pourraient voir quelque chose. La sécurité est donc plus élevée ».

Une contestation grandissante

Lors d’une réunion du comité de l’association du personnel des trains (ZPV) du SEV en décembre, la question de l’auto-départ a suscité de vifs débats. Selon le syndicat, le personnel refuse cette réforme, considérant que les risques sont disproportionnés par rapport aux gains de ponctualité espérés.

Les CFF, de leur côté, affirment que la sécurité sera garantie. Selon leur porte-parole, Sabrina Schellenberg, l’auto-départ est déjà en place sur d’autres lignes, notamment sur certains trains express régionaux et RER, sans incident majeur. La structure horaire serrée de la vallée du Rhin nécessite, selon l’entreprise, des départs rapides pour assurer les correspondances.

Pour l’instant, l’objectif de ponctualité fixé par les CFF est atteint, avec des taux de correspondance réussis allant de 97 % à 100 % ces dernières semaines. Aucune modification immédiate n’est donc prévue. Toutefois, les CFF préviennent que si la ponctualité venait à chuter sous les 95 % pendant trois semaines consécutives, la procédure d’auto-départ serait imposée.

Face à cette menace, les syndicats restent mobilisés et dénoncent une décision qui pourrait être mise en œuvre sans réelle concertation. Pour le personnel, il ne s’agit pas seulement d’un enjeu d’organisation, mais avant tout d’une question de sécurité.

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