Depuis cinq ans, les voyageurs pouvaient consulter gratuitement des films, magazines et jeux depuis leurs appareils connectés à bord des trains grandes lignes des CFF. Ce service, appelé SBB OnBoard, devait centraliser en un seul point les usages numériques liés au trajet. Il n’est désormais plus disponible, sans avoir été officiellement annoncé.
Le retrait du portail coïncide avec le dernier changement d’horaire. Lorsqu’un utilisateur tente de s’y connecter, un message automatique s’affiche désormais : « CFF OnBoard a été désactivé en raison d’un faible taux d’utilisation ». Aucun communiqué n’a accompagné cette suppression, rapporte Watson.
Une plateforme numérique ambitieuse, mais peu utilisée
Conçu par l’entreprise Gomedia, le portail SBB OnBoard avait pour objectif de créer une « expérience numérique révolutionnaire à bord » des trains à grande vitesse. Il était automatiquement proposé aux passagers connectés au Wi-Fi, notamment sur la ligne du Gothard. Les contenus proposés comprenaient des films, des revues numériques, des jeux, mais aussi des informations pratiques comme la vitesse du train ou les menus du wagon-restaurant.
D’après Gomedia, trois quarts des utilisateurs jugeaient l’expérience « excellente » ou « très bonne ». Malgré ces retours positifs, le service n’a jamais réellement décollé. Une porte-parole des CFF a confirmé que « beaucoup de clients n’ont jamais utilisé ce service ». Le nombre d’utilisateurs est resté bas et a décliné au fil du temps, jusqu’à rendre le maintien du portail injustifié.
Une offre confrontée à la réalité du marché suisse
L’échec relatif de SBB OnBoard s’explique en partie par les habitudes numériques des voyageurs suisses. Lors de son lancement en 2019, le portail avait été introduit en parallèle du Wi-Fi gratuit à bord. Mais en Suisse, les forfaits mobiles illimités sont largement répandus.
Déjà en 2019, 73 % des utilisateurs en disposaient, ce qui permettait de regarder des contenus personnels directement depuis des plateformes comme Netflix ou Spotify, sans dépendre du Wi-Fi du train.
Ce contexte est très différent de celui observé en Allemagne. La Deutsche Bahn a lancé dès 2015 un service similaire baptisé ICE Portal. Contrairement aux CFF, cette offre continue de connaître un grand succès. Le nombre d’utilisateurs y est en croissance constante.
Selon une porte-parole de la compagnie allemande, cette fréquentation s’explique notamment par le fait que moins de 10 % des internautes allemands ont accès à des forfaits de données illimités. Le Wi-Fi embarqué devient donc un accès privilégié à des contenus pendant les trajets.
Une suppression discrète révélatrice d’un recentrage
Depuis la disparition du service, aucune annonce officielle n’a été faite par les CFF. Sa suppression est intervenue lors du dernier changement d’horaire, sans communiqué de presse ni mention dans les canaux de communication habituels. Seule une notification automatique informe les voyageurs que le portail est désactivé.
Les CFF expliquent ce retrait par une évolution des usages. Selon leur porte-parole, « nous partons du principe que les voyageurs préfèrent de plus en plus utiliser leurs propres contenus ». Ce changement marque la fin d’une tentative de centraliser l’offre numérique à bord, dans un environnement où les passagers sont déjà bien équipés pour consommer des médias en ligne selon leurs préférences personnelles.