Avant l’entrée en vigueur de nouvelles taxes américaines, plusieurs entreprises suisses ont expédié à toute vitesse leurs marchandises outre-Atlantique. L’objectif : éviter que leurs produits soient frappés par des droits de douane supplémentaires.
Deux secteurs emblématiques, la pharmaceutique et l’horlogerie, ont été particulièrement réactifs. En l’espace de quelques jours, des cargaisons de médicaments et de montres ont quitté la Suisse pour les États-Unis.
Une anticipation éclair face à l’incertitude politique
Novartis a mobilisé deux avions-cargos les 31 mars et 1er avril depuis l’aéroport de Bâle-Mulhouse, chacun transportant plus de 100 tonnes de médicaments et de matériel médical à destination de Huntsville, en Alabama.
Ces expéditions ont été lancées juste avant les annonces du président Donald Trump le 2 avril concernant la mise en place de nouveaux droits de douane. Le groupe pharmaceutique, bien que pour l’instant exempté de ces mesures, n’a pas voulu courir de risque face aux incertitudes politiques.
Un des vols a même été retardé pour des raisons techniques, obligeant l’avion à décoller à 23h22, soit au-delà du couvre-feu nocturne de l’aéroport, ce qui laisse penser que Novartis a probablement accepté de s’acquitter d’une pénalité pour garantir l’expédition à temps. Comme l’a rapporté 20 minutes, cette décision montre le niveau de vigilance et de réactivité adopté par l’entreprise dans un climat d’imprévisibilité.
Des volumes d’exportation en hausse dès le début d’année
La crainte de nouvelles barrières commerciales n’a pas émergé du jour au lendemain. Selon le service de presse de l’aéroport de Bâle-Mulhouse, une augmentation notable des volumes d’exportation vers les États-Unis avait déjà été constatée dans les premiers mois de l’année, bien avant les annonces officielles. Cette tendance s’est renforcée début avril, indiquant une mobilisation accrue des entreprises suisses pour anticiper les nouvelles règles.
Le principe appliqué par les autorités américaines précise que pour être exemptés, les produits devaient déjà être en transit au moment de l’entrée en vigueur des taxes. Cela a conduit plusieurs entreprises à avancer leurs expéditions, parfois à des conditions logistiques et financières inhabituelles
L’horlogerie suisse sur le pied de guerre
Le secteur horloger, également concerné par ces nouvelles mesures, a réagi avec célérité. Edouard Meylan, directeur de la maison H. Moser & Cie, a décrit la situation comme un véritable branle-bas de combat. Interrogé par la RTS, il a expliqué que l’entreprise avait très peu de stock disponible aux États-Unis, ce qui a nécessité un transfert accéléré des montres depuis Hongkong et le siège suisse de Schaffhouse.
Cette précipitation reflète les conséquences concrètes qu’un changement soudain de politique commerciale peut avoir sur des chaînes logistiques étroitement calibrées. L’horlogerie, avec ses marges serrées et ses délais de livraison précis, ne peut se permettre l’ombre d’un obstacle douanier imprévu.