La BNS joue un rôle central dans l’économie suisse. En plus d’assurer la stabilité monétaire, elle redistribue ses excédents à la Confédération et aux cantons. Ces versements constituent une source de revenus non négligeable pour les collectivités, qui ajustent leurs budgets en fonction des montants perçus.
Ces dernières années, la situation a été plus incertaine. En 2022 et 2023, la BNS n’avait pas pu procéder à de telles distributions, en raison de pertes importantes. Cette reprise des versements marque ainsi un retour à une certaine normalité budgétaire pour les autorités publiques.
Un bénéfice de 80,7 milliards de francs en 2024
La BNS a clôturé l’année 2024 avec un bénéfice définitif de 80,7 milliards de francs, un chiffre légèrement supérieur aux estimations initiales qui tablaient sur 80 milliards. Ce résultat contraste avec les pertes enregistrées en 2022, qui avaient empêché toute redistribution aux cantons et à la Confédération.
Selon Blick, cette performance s’explique notamment par des gains sur les placements et la valorisation des réserves de change. Dans ce contexte favorable, la BNS a décidé d’affecter 11,6 milliards de francs aux provisions pour réserves monétaires, renforçant ainsi ses fonds propres en prévision d’éventuelles fluctuations économiques.
Outre ces provisions, la banque verse également un dividende de 15 francs par action à ses actionnaires. Le solde permet de débloquer trois milliards de francs pour les collectivités publiques, conformément à l’accord conclu avec l’Administration fédérale des finances.
Une répartition des fonds basée sur la population
Les trois milliards redistribués sont répartis selon une clé de répartition préétablie, qui privilégie les cantons les plus peuplés. Blick rapporte que Zurich, qui compte 1,6 million d’habitants, reçoit ainsi plus de 358 millions de francs. Le canton de Vaud, avec ses 846 300 habitants, perçoit environ 188,6 millions, tandis que des cantons moins peuplés, comme le Jura, doivent se contenter de montants nettement inférieurs, à l’image des 16,7 millions qui lui sont alloués.
D’autres cantons bénéficient également de montants significatifs. Berne reçoit 237,9 millions de francs, tandis que Saint-Gall perçoit 119,4 millions. En Suisse centrale, Lucerne bénéficie de 96,5 millions. Du côté du Tessin et du Valais, les sommes allouées s’élèvent respectivement à 80,1 et 81,4 millions de francs. Les Grisons, quant à eux, reçoivent 45,8 millions.
Des montants plus modestes sont attribués aux cantons moins peuplés. Fribourg obtient 76,1 millions, Neuchâtel 39,9 millions, et Bâle-Campagne 66,7 millions. Dans les cantons plus petits, Zoug reçoit 29,7 millions, Schwytz 37,4 millions, et Thurgovie 65,8 millions. Enfin, les cantons d’Appenzell Rhodes-Extérieures et Appenzell Innerrhoden perçoivent respectivement 12,6 millions et 3,7 millions de francs.
Cet accord de répartition, en vigueur depuis janvier 2021, prévoit que deux tiers des fonds sont destinés aux cantons et un tiers à la Confédération.
Des distributions fluctuantes selon les résultats de la BNS
Depuis l’an 2000, les cantons ont reçu un total de 38 milliards de francs grâce aux bénéfices de la BNS. Ces versements constituent une ressource budgétaire importante pour les collectivités, mais leur régularité dépend des résultats financiers de la banque centrale.
Le média rappelle que si les redistributions ont été fréquentes, elles ont parfois été interrompues. En 2014, par exemple, la chute du prix de l’or avait entraîné des pertes pour la BNS, empêchant tout versement cette année-là. De même, les pertes de 2022 avaient conduit à deux années sans redistribution, mettant sous pression les budgets cantonaux et fédéraux.
Les perspectives pour les prochaines années semblent néanmoins positives. Grâce au bénéfice de 2024, la réserve disponible de la BNS s’élève désormais à 12,9 milliards de francs, ce qui pourrait permettre de maintenir les versements en cas de résultats favorables.