Deux députés socialistes fribourgeois ont présenté une proposition visant à instaurer une caisse publique cantonale dans le canton de Fribourg. Ce projet s’inspire de deux modèles de caisses maladies publiques déjà en place en Suisse : le réseau de soins intégré bernois, qui repose sur une prise en charge coordonnée des patients autour du médecin de famille, impliquant divers professionnels de la santé, et le modèle genevois d’assurance maladie, qui cherche à limiter la hausse des coûts de la santé.
Ce projet s’intégrerait dans le cadre du système de la Lamal, sans remplacer les assurances privées, mais en offrant une alternative publique aux assurés. Selon Marie Levrat, députée PS Fribourg, cette caisse serait conçue en association avec des professionnels de santé, afin d’améliorer l’efficacité des soins et d’optimiser les coûts.
Une promesse de baisse des primes, mais des doutes sur sa faisabilité
L’un des principaux objectifs de ces caisses maladies publiques serait de réduire les primes d’assurance maladie. Ses promoteurs estiment qu’une diminution de 20 % de la prime moyenne cantonale pourrait être atteinte grâce à une meilleure gestion des dépenses de santé.
Toutefois, cette ambition est contestée. Pour Claude Brodard (PLR, Fribourg), il est illusoire de croire qu’un tel mécanisme permettrait une baisse significative des coûts. Il rappelle que les dépenses de santé existent et doivent être financées d’une manière ou d’une autre.
Malgré ces oppositions, l’idée continue de se développer. Un exemple concret de réussite est celui du réseau de soins intégrés du canton de Berne, mis en place par une assurance privée et soutenu par les autorités cantonales. Ce réseau a permis de stabiliser les primes, alors qu’ailleurs en Suisse, celles-ci ont connu des hausses. En seulement une année, ce modèle a même doublé son nombre d’adhérents, un signe de son attractivité.
Des initiatives locales qui montrent des résultats concrets
Parmi les solutions mises en avant pour optimiser les dépenses de santé, l’hospitalisation à domicile constitue un exemple significatif. Ce dispositif permet de réduire la durée des séjours hospitaliers, ce qui profite à la fois aux patients et aux établissements de santé.
Selon Serge Bugnon, médecin-chef adjoint du Réseau de l’Arc, ce modèle est bénéfique sur plusieurs aspects. Pour les hôpitaux, il libère plus rapidement des lits, permettant d’accueillir de nouveaux patients sans surcharger les infrastructures. Pour les patients, il offre un cadre plus confortable en leur permettant de poursuivre leur traitement à domicile, avec un suivi médical adapté.
Un feu vert fédéral nécessaire avant toute concrétisation
Si ces initiatives locales offrent des perspectives intéressantes, la mise en place de caisses maladies publiques à l’échelle cantonale devra encore passer par une validation fédérale. Toute réforme du système d’assurance maladie en Suisse doit en effet obtenir l’approbation de la Confédération, un processus qui peut prendre du temps et soulever des résistances politiques.
À Genève, le projet Beluga représente un premier pas vers une caisse maladie publique intégrée à un réseau de soins public-privé. Bien qu’il soit encore en phase de développement, le Conseil d’État genevois avance des estimations promettant des primes 15 à 20 % moins élevées que celles des assurances privées actuelles.