Le Conseil fédéral suisse a levé les droits d’importation sur la viande de bison américain dans le cadre d’un accord douanier avec Washington. En supprimant les taxes, la Suisse a permis l’entrée de 1 000 tonnes de bison sur son marché.
Cependant, malgré cette ouverture, le poulet chloré américain fait face à un rejet catégorique de la part des consommateurs et des grandes surfaces suisses. Cette décision met en lumière les priorités de la Suisse en matière de qualité alimentaire et son approche sélective vis-à-vis des produits importés.
L’impact limité du bison sur le marché suisse
Depuis l’annonce de l’accord sur les droits de douane, environ 1,8 tonne de viande de bison a été importée, bien en deçà du contingent autorisé de 1 000 tonnes. Les importateurs comme VB Food et GVFI SA ont confirmé l’arrivée de bison dans le pays, mais le prix de cette viande reste un obstacle pour une large adoption. En effet, les meilleurs morceaux de bison américain peuvent coûter jusqu’à 160 francs le kilo, slon 20min, ce qui les rend inaccessibles à une grande majorité des consommateurs suisses. Bien que la baisse des droits de douane ait permis une réduction de 1,60 franc par kilo, l’impact sur les prix de vente reste faible.
Le bison reste une viande de niche, consommée principalement dans les restaurants haut de gamme ou par des particuliers prêts à payer un prix élevé pour un produit rare. Malgré son coût, la viande de bison, provenant d’élevages aux États-Unis (et non des plaines sauvages comme l’imaginent certains), est perçue comme plus maigre, tendre et savoureuse que le bœuf, ce qui la rend attrayante pour les amateurs de viandes spécifiques. En Suisse, les magasins spécialisés comme Meat 4 You, à Lupfig (AG), en vendent entre 100 et 150 kilos par an aux particuliers et environ 12 tonnes à l’échelle nationale, y compris aux restaurants.
Néanmoins, malgré cette introduction de viande américaine, les grandes surfaces suisses, telles que Coop et Migros, continuent de privilégier la viande locale, la considérant comme une priorité en raison de la demande de leurs clients. Coop a d’ailleurs précisé qu’aucune demande significative pour la viande américaine n’a été constatée, et que la viande suisse demeure clairement prioritaire dans leurs rayons. Migros poursuit également une politique similaire, en privilégiant la viande suisse dans la mesure du possible, avec une forte proportion de viande bovine (92%) et de poulet (86%) provenant du pays.
Le rejet du poulet chloré et les préoccupations sanitaires
En parallèle de l’importation de bison, l’accord avec les États-Unis permettait également l’importation de 1 500 tonnes de viande de volaille sans taxes. Toutefois, malgré cette possibilité, aucun poulet américain n’a été importé à ce jour. La raison en est largement liée aux préoccupations des consommateurs suisses concernant les « poulets chlorés », un traitement utilisé aux États-Unis pour éliminer les bactéries en utilisant du chlore, un procédé qui est interdit en Europe. Cette méthode, bien que jugée sûre par les autorités américaines, soulève des inquiétudes en Suisse sur la qualité et la sécurité de la viande.
Les détaillants suisses, comme VB Food et Bell, ont confirmé qu’ils n’envisagent pas d’importer de la volaille américaine en raison de l’absence de demande de la part des consommateurs. Bell, le plus grand distributeur de viande en Suisse, a également indiqué que la demande pour la viande américaine de volaille est très faible. Cette réticence à importer du poulet chloré est en partie responsable du faible volume d’importations, malgré l’exemption de droits de douane. Les grandes surfaces, comme Coop et Migros, continuent de privilégier des sources locales et européennes pour leur approvisionnement en viande de volaille, en provenance principalement de France et de Hongrie. Migros fait également appel à des poulets brésiliens pour les produits transformés comme les nuggets, mais n’a aucun intérêt à vendre de la viande de volaille américaine.








