Le gouvernement suisse a annoncé une révision importante du système salarial pour les fonctionnaires de l’administration fédérale, visant à rendre le secteur public plus attractif. En conséquence, les fonctionnaires verront leur salaire de départ légèrement augmenté, rapporte Watson.
Si cette mesure est saluée par certains, elle suscite également de vives critiques, notamment en raison de la concurrence accrue qu’elle génère pour les petites et moyennes entreprises (PME). Une réforme qui s’inscrit dans un contexte où la maîtrise des finances publiques est plus que jamais une priorité.
Une réforme pour moderniser le système salarial
Le Conseil fédéral a présenté une réforme de la grille salariale des fonctionnaires suisses, visant à « optimiser » leur système salarial. Désormais, les fonctionnaires bénéficieront d’un salaire de départ plus élevé.
Cependant, contrairement à la pratique actuelle où les salaires augmentent chaque année jusqu’à atteindre le plafond de la classe salariale, la réforme introduit une courbe salariale plus plate. Les hausses annuelles seront dorénavant plus modérées, et les fonctionnaires ne parviendront plus systématiquement au salaire maximal de leur catégorie.
Un « salaire cible », fixé 10 % en dessous du plafond, sera désormais l’objectif de base, et seuls des « performances constamment très bonnes » permettront d’atteindre le salaire maximum. Ce système vise à s’inspirer des pratiques observées dans le secteur privé.
L’impact sur la compétitivité avec les PME
Cette réforme suscite une forte opposition, notamment de la part de Jürg Grossen, président des Vert’libéraux. Selon lui, l’augmentation des salaires de départ ne fait qu’aggraver la concurrence entre l’administration fédérale et les PME, déjà en difficulté face aux salaires élevés du secteur public.
En effet, les fonctionnaires bénéficient déjà de salaires bien plus élevés que ceux du secteur privé, en particulier pour les postes les moins qualifiés. Le salaire brut moyen dans l’administration fédérale est de 131 000 francs, un montant nettement supérieur à celui de nombreux secteurs privés, notamment dans les petites entreprises.
Grossen estime que cette politique salariale n’est pas appropriée, particulièrement dans un contexte où la Confédération doit faire des économies. Il déclare : « A une époque où la Confédération doit faire des économies, le Conseil fédéral envoie un signal totalement inapproprié ».
La pression politique : vers un alignement sur le secteur privé ?
La réforme a également provoqué une forte réaction au Parlement. L’année dernière, Jürg Grossen a déposé une motion visant à obtenir des salaires « plus conformes au marché » pour les fonctionnaires.
Il estime que les salaires publics, financés par les impôts, ne devraient pas augmenter plus rapidement que ceux du secteur privé. Cette motion a reçu le soutien de nombreux parlementaires issus des Vert’libéraux, du Centre, du PLR et de l’UDC.
Ensemble, ils ont cosigné cette initiative, qui devrait être débattue au Conseil national la semaine prochaine. Le Conseil fédéral, pour sa part, semble considérer que la révision actuelle répond déjà à la demande d’un système salarial plus conforme au marché. Cependant, Grossen reste convaincu que les réformes actuelles ne vont pas assez loin pour répondre aux préoccupations du Parlement et des citoyens.
Quelles conséquences à long terme ?
Les ajustements apportés à la grille salariale seront visibles dès 2027, avec des changements notables sur les fiches de paie des fonctionnaires. Selon le Conseil fédéral, les fonctionnaires ne devraient pas subir de pertes salariales significatives.
Toutefois, la révision du système salarial devrait permettre à la Confédération de réaliser des économies à long terme. Avec une courbe salariale moins raide et des hausses moins fréquentes, le coût global des salaires devrait se stabiliser.








