Christine Lagarde, présidente de la BCE, a annoncé une réduction de 3,75 % à 3,5 % du taux directeur, ce qui aura des répercussions importantes sur le franc suisse et divers secteurs de l’économie helvétique.
Si cette décision profite aux consommateurs, qui devraient bénéficier d’une baisse des prix à l’importation, les entreprises suisses, elles, se retrouvent face à un franc fort qui pourrait menacer leur compétitivité.
La baisse des taux de la BCE qui renforce le franc suisse
La chute des taux directeurs de la BCE entraîne inévitablement un affaiblissement de l’euro et, par conséquent, une appréciation du franc suisse. Pour les consommateurs suisses, cela se traduit par des prix plus bas sur les produits et services importés, ce qui est particulièrement intéressant pour les achats transfrontaliers. Les Suisses qui voyagent dans la zone euro, notamment en France et en Italie, profiteront de coûts réduits pour l’hébergement et la restauration.
Cependant, cet avantage pour les consommateurs pourrait avoir un effet secondaire négatif pour certains secteurs économiques suisses. Les détaillants frontaliers, par exemple, pourraient voir une partie de leur clientèle se tourner vers les pays voisins pour réaliser des économies. De plus, le secteur industriel risque de souffrir, car un franc fort rend les produits suisses plus chers et moins compétitifs sur les marchés européens.
Les entreprises suisses sous pression
Le renforcement du franc suisse, s’il se poursuit, pourrait poser de sérieux défis pour l’économie helvétique. En particulier, les entreprises exportatrices et le secteur touristique pourraient être affectés par cette évolution. Un hôtelier valaisan, par exemple, pourrait voir ses clients français se tourner vers des destinations plus abordables en France, alors que les exportateurs helvétiques verront leurs marchandises devenir plus coûteuses et moins attractives pour les acheteurs européens.
Face à cette situation, la Banque nationale suisse (BNS), dirigée par Martin Schlegel, devra prendre des mesures pour maintenir la compétitivité des entreprises suisses. Elle pourrait être amenée à abaisser ses propres taux directeurs ou à intervenir sur le marché des changes pour limiter la surévaluation du franc. Toutefois, la BNS doit également veiller à ne pas faire chuter l’inflation en dessous de sa fourchette cible de 0 à 2 %.
Vers une baisse généralisée des taux en Europe
Les analystes prévoient une poursuite des baisses de taux de la BCE dans les mois à venir. Selon les estimations de la banque J. Safra Sarasin, la BCE pourrait réduire son taux de dépôt à 2 % d’ici juillet 2025, avec des diminutions prévues dès septembre 2024. En réponse, la BNS pourrait suivre le mouvement en abaissant progressivement ses taux directeurs pour éviter un renforcement trop marqué du franc suisse.
Cette perspective d’une baisse des taux est une bonne nouvelle pour les détenteurs de crédits hypothécaires en Suisse. Des mensualités plus légères ainsi qu’une baisse potentielle des loyers pour les locataires indexés sur le taux hypothécaire de référence pourraient en découler. Cela pourrait aussi relancer le secteur de la construction, atténuant ainsi la pénurie de logements qui pèse sur le marché immobilier suisse.