La BCE poursuit son cycle d’assouplissement monétaire amorcé après le pic des taux atteint en septembre 2023. Avec cette nouvelle baisse, l’institution de Francfort réaffirme sa confiance dans le retour progressif de l’inflation à son objectif de 2 %. Selon Blick, les responsables de la BCE estiment que les taux sont désormais à un niveau où la politique monétaire devient « sensiblement moins restrictive », ce qui alimente les attentes d’une pause dans les baisses à venir.
Cependant, le contexte économique reste fragile. L’activité dans la zone euro peine à redémarrer et les tensions géopolitiques ainsi que les décisions budgétaires des États membres compliquent la tâche de la BCE. Le média suisse souligne que la récente décision du gouvernement allemand d’augmenter la dette publique pour financer des dépenses d’armement a provoqué une hausse soudaine des taux d’emprunt allemands, un phénomène inédit depuis la Réunification.
Une nouvelle baisse dans un contexte de tensions économiques
L’abaissement du taux directeur à 2,50 % s’inscrit dans une série d’assouplissements monétaires initiés depuis juin dernier. La même source rappelle que cette décision était attendue par les observateurs, la BCE cherchant à adapter sa politique à un environnement économique en mutation. Malgré une inflation encore présente, la priorité semble être de relancer l’investissement et la consommation, dans un contexte où la croissance reste faible.
Ce cinquième assouplissement consécutif témoigne d’un réajustement progressif de la politique monétaire européenne après une période de resserrement destiné à maîtriser la flambée des prix. Blick rapporte que le principal taux de dépôt de la BCE a été ramené de 2,75 % à 2,50 %, un niveau jugé plus en adéquation avec les besoins actuels de l’économie.
Toutefois, des divergences existent au sein de l’institution. Certains membres du conseil des gouverneurs jugent que les taux se rapprochent d’un équilibre qui ne favorise ni ne pénalise l’économie, tandis que d’autres estiment qu’une baisse supplémentaire pourrait être nécessaire en raison de la stagnation du PIB de la zone euro à la fin de 2024.
L’Allemagne rebat les cartes de la politique budgétaire
Le contexte budgétaire allemand ajoute une dimension nouvelle aux défis économiques européens. La décision du gouvernement allemand d’augmenter sa dette publique pour financer des dépenses militaires a provoqué une réaction immédiate sur les marchés financiers. Cette orientation pourrait modifier les anticipations économiques et influencer les décisions futures de la BCE.
La hausse des taux d’emprunt allemands, directement liée à ce choix budgétaire, pourrait compliquer la dynamique monétaire de la zone euro. Blick cite Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, qui estime que cette situation pourrait inciter Christine Lagarde à « laisser entendre que des baisses ultérieures (de taux) pourraient encore suivre ». Toutefois, certains membres du directoire de la BCE, comme Isabel Schnabel, plaident pour une pause dès mars, jugeant que la politique monétaire actuelle est déjà adaptée à la situation.
Un autre facteur à surveiller est l’effet des investissements allemands sur l’inflation. En outre, le choix de Berlin de s’affranchir du dogme de la rigueur budgétaire pourrait non seulement stimuler la croissance européenne, mais aussi exercer une pression haussière sur les prix, ce qui remettrait en question la nécessité de nouvelles baisses de taux.
Des incertitudes géopolitiques et commerciales
Au-delà des dynamiques internes à la zone euro, la politique monétaire de la BCE doit composer avec des tensions internationales croissantes. Par ailleurs, l’imposition imminente de droits de douane réciproques entre les États-Unis et l’Europe constitue un risque majeur pour l’économie du continent. Une montée des barrières commerciales pourrait freiner les exportations européennes et ralentir la croissance, compliquant encore les choix de la BCE.
La situation en Ukraine ajoute également une dose d’incertitude.En effet, Kiev ne peut plus compter en grande partie sur l’aide américaine face à la Russie, ce qui pourrait avoir des répercussions économiques sur l’Europe. Ces éléments ne sont pas encore pleinement intégrés dans les prévisions économiques publiées par la BCE, mais ils pourraient influencer les décisions futures de l’institution.
Enfin, la BCE a révisé ses projections économiques à la lumière de ces événements. Blick rapporte que l’institution a relevé ses prévisions d’inflation pour 2025, en raison de la hausse des prix de l’énergie, et abaissé celles de la croissance pour 2025 et 2026, évoquant une baisse des exportations et une faiblesse persistante des investissements.