Les barrages suisses jouent un rôle central dans l’équilibre énergétique européen. En plein hiver, leur capacité de stockage et de redistribution s’avère cruciale pour éviter des coupures de courant dans des pays voisins comme l’Allemagne.
Cet atout stratégique permet à la Suisse de négocier sa position dans les accords énergétiques européens. Alors que les défis énergétiques se multiplient, les barrages offrent une réponse adaptée aux fluctuations des énergies renouvelables.
Une flexibilité énergétique essentielle en période de crise
Les barrages suisses sont souvent sollicités pour pallier les déséquilibres électriques en Europe. Le 3 janvier dernier, la Suisse a permis de stabiliser le réseau électrique allemand, en transférant près de 2350 mégawatts, soit deux fois la capacité de la centrale nucléaire de Leibstadt. Ces interventions, rendues possibles grâce à la flexibilité des barrages, sont particulièrement importantes face à l’irrégularité des énergies éolienne et solaire. Par vent fort ou faible ensoleillement, les excédents ou pénuries énergétiques perturbent le réseau européen, nécessitant une compensation rapide.
La Suisse, bien que non membre de l’Union européenne, bénéficie d’accords techniques pour gérer ces flux transfrontaliers. Les redispatchings, processus consistant à rééquilibrer les réseaux, s’intensifient ces dernières années. Swissgrid, l’opérateur national, note une augmentation de ces échanges, liés à une production intermittente croissante dans les pays voisins. Ces mécanismes permettent non seulement de stabiliser le réseau européen, mais aussi de valoriser la capacité unique des barrages suisses à ajuster leur production en temps réel.
Les barrages, un atout clé dans les négociations avec l’UE
Les barrages suisses ne sont pas seulement un outil technique, mais aussi un levier politique puissant dans les discussions avec l’Union européenne. Berne cherche à établir un accord durable sur l’électricité, garantissant des échanges sécurisés et un accès stable au marché européen. Les réserves hydrauliques suisses, même à des niveaux historiquement bas, restent suffisantes pour fournir une énergie d’appoint en cas de besoin, renforçant ainsi la position suisse dans ces négociations. Cette capacité à répondre aux crises énergétiques européennes confère à la Suisse un rôle central, malgré son statut extérieur à l’Union.
Selon le Conseil fédéral, un accord sur l’électricité éviterait que les pays voisins limitent leurs exportations vers la Suisse, même en période de crise. Cette garantie est d’autant plus précieuse que les règles européennes évoluent rapidement, mettant en avant la flexibilité des barrages comme un critère stratégique. Les négociateurs suisses s’appuient sur ces infrastructures pour obtenir des concessions, tout en continuant à soutenir l’approvisionnement énergétique régional. Ces accords pourraient également renforcer la sécurité énergétique interne en Suisse, en garantissant un accès prioritaire aux ressources européennes en cas de besoin.