L’AVS en Suisse : une réforme en marche pour décider de l’avenir des rentes

Le système de prévoyance vieillesse suisse est au cœur de vifs débats en 2025. Les questions liées au financement de la 13e rente, à l’équité entre couples mariés et concubins, et aux rentes de veuve cristallisent les tensions politiques, tandis qu’une grande réforme pour 2030 se profile à l’horizon.

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En Suisse, l’assurance vieillesse et survivants (AVS) est confrontée à des défis financiers majeurs. L’introduction de la 13e rente, votée par le peuple, constitue un tournant coûteux pour le système, déjà fragilisé par l’allongement de l’espérance de vie. Le Conseil fédéral, comme les partis politiques, s’efforce de concilier besoins sociaux et contraintes budgétaires.

Ces réformes sont essentielles pour assurer la viabilité de l’AVS tout en répondant aux attentes des citoyens. Chaque choix aura des répercussions importantes sur les retraités et les générations futures.

Le financement de la 13e rente : une bataille de chiffres

La 13e rente AVS, qui sera versée pour la première fois en décembre 2026, représente un coût estimé entre 4 et 5 milliards de francs par an. Faute de financement supplémentaire, les réserves de l’AVS pourraient rapidement s’épuiser. Le Conseil fédéral propose une augmentation de la TVA de 0,7 % pour garantir cette prestation, une mesure qui divise les partis politiques.

Le PLR et l’UDC préfèrent attendre une réforme plus large avant de décider, tandis que la gauche et Le Centre envisagent une solution mixte, mêlant hausse des prélèvements salariaux et augmentation de la TVA. Une autre piste évoquée consiste à transférer une partie des pourcentages salariaux de l’assurance-chômage, bien pourvue, vers l’AVS.

La commission sociale du Conseil des États doit examiner ces propositions en janvier, avec une décision attendue lors de la session de printemps. Parmi les options envisagées figure également une réduction de la contribution fédérale à l’AVS, qui passerait de 20,2 % à 19,5 % des dépenses, permettant à la Confédération d’économiser près de 400 millions de francs par an.

Couples mariés : la question du plafonnement des rentes

Actuellement, les couples mariés perçoivent une rente plafonnée à 150 % de la rente individuelle, soit 3780 francs par mois maximum. Ce système pénalise les couples mariés par rapport aux concubins, qui reçoivent deux rentes individuelles totalisant jusqu’à 5040 francs mensuels. Cette différence a conduit Le Centre à lancer une initiative populaire visant à supprimer ce plafonnement.

Cette réforme, qui coûterait plus de 4 milliards de francs par an, est soutenue par des partis de gauche comme de droite. L’UDC, traditionnellement opposée à la pénalisation du mariage, s’est montrée favorable, tandis que le PS voit dans cette initiative une opportunité de corriger une « injustice ». Toutefois, le Conseil fédéral s’oppose pour l’instant à ce projet sans proposer de contre-projet.

Des ajustements au plafond, comme son relèvement à 175 %, pourraient être discutés au Parlement dans les mois à venir, avec des implications pour d’autres prestations, notamment les rentes de veuve.

Les rentes de veuve : vers une limitation drastique

Les rentes de veuve, actuellement versées à vie, pourraient être profondément modifiées. Le Conseil fédéral souhaite limiter ces prestations aux veuves ayant des enfants à charge jusqu’à leurs 25 ans ou des enfants adultes handicapés. Cette réforme permettrait d’économiser jusqu’à 350 millions de francs par an dès 2030, voire 1 milliard sur le long terme.

Ces modifications suscitent une vive opposition de la gauche et des associations comme Aurora, qui dénoncent un démantèlement social. L’UDC, après avoir soutenu le projet, a opéré un revirement en exigeant d’abord des efforts d’économies au sein de la Confédération. Le dossier est actuellement suspendu par la commission sociale du Conseil national, en attendant des clarifications et les décisions sur l’initiative du Centre.

Une réforme globale pour 2030 en préparation

Elisabeth Baume-Schneider, conseillère fédérale en charge des affaires sociales, a pour mission de stabiliser le système AVS à long terme. Le Parlement l’a chargée de présenter un projet d’ici fin 2026 pour garantir la viabilité de l’AVS jusqu’en 2040. Parmi les pistes envisagées figurent un âge de la retraite plus élevé, des rentes indépendantes de l’état civil ou encore un impôt sur les successions.

La ministre souhaite toutefois accélérer le processus en présentant les grandes lignes de cette réforme dès 2025. Les prochains mois seront donc déterminants pour l’avenir de l’AVS et des millions de retraités en Suisse.

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