L’année 2025 s’annonce décisive pour l’AVS, le premier pilier du système de retraite suisse. Après le vote favorable du peuple à l’introduction d’une 13e rente, le Parlement doit désormais trancher sur la manière dont elle sera financée. Plusieurs options sont sur la table, allant d’une hausse de la TVA à une augmentation des contributions salariales.
En parallèle, d’autres réformes sont en discussion. L’initiative du Centre visant à supprimer le plafonnement des rentes pour les couples mariés suscite l’intérêt de plusieurs partis. Le Conseil fédéral envisage également des coupes budgétaires, notamment avec la suppression progressive des rentes de veuve et des rentes pour enfant de retraité. La ministre Elisabeth Baume-Schneider devra gérer ces dossiers sensibles dans les mois à venir.
Un financement contesté pour la 13e rente AVS
L’approbation populaire de la 13e rente AVS représente une avancée historique pour les syndicats et les partisans d’un renforcement de la prévoyance vieillesse. Cette nouvelle rente sera versée pour la première fois en décembre 2026, mais son financement reste incertain. Selon Blick, son coût annuel est estimé entre 4 et 5 milliards de francs.
Le Conseil fédéral propose d’augmenter la TVA de 0,7 point pour couvrir cette dépense. Cependant, cette solution ne fait pas l’unanimité. L’Union démocratique du centre (UDC) et le Parti libéral-radical (PLR) préfèrent attendre la prochaine grande réforme de l’AVS et, en attendant, utiliser les fonds déjà disponibles dans l’AVS. De leur côté, le Centre et la gauche défendent une solution mixte combinant une hausse de la TVA et une augmentation des cotisations salariales.
La commission sociale du Conseil des États a demandé des clarifications supplémentaires sur les différentes variantes de financement. Le débat se poursuivra au deuxième trimestre 2025, avec une décision attendue lors de la session d’été. Le média rapporte que l’une des questions centrales concerne la contribution de la Confédération, qui pourrait être réduite de 20,2 % à 19,5 % des dépenses du premier pilier, ce qui ferait passer son engagement annuel d’environ 850 millions à 450 millions de francs.
Une possible revalorisation des rentes pour les couples mariés
Un autre dossier majeur concerne la revalorisation des rentes pour les couples mariés. Actuellement, ces derniers perçoivent au maximum 150 % d’une rente individuelle, soit 3 780 francs par mois, contre 5 040 francs pour deux concubins bénéficiant de rentes individuelles distinctes. Cette différence est dénoncée par plusieurs formations politiques, qui estiment qu’elle pénalise le mariage.
L’initiative populaire du Centre propose de supprimer ce plafonnement, une mesure qui coûterait plus de 4 milliards de francs par an. Ce projet trouve un écho favorable dans plusieurs camps politiques. La même source indique que l’UDC s’oppose également à la pénalisation des couples mariés, tandis que le Parti socialiste (PS) se montre ouvert à une réforme, notamment si le Conseil fédéral maintient son projet de réduction des rentes de veuve.
Le Conseil fédéral s’oppose à l’initiative et ne prévoit pas de contre-projet. Toutefois, Elisabeth Baume-Schneider doit présenter un rapport détaillé d’ici fin mars. Blick précise que le Parlement pourrait, malgré tout, élaborer un contre-projet en relevant le plafond des rentes à 175 %, au lieu de 150 % actuellement.
Une refonte des rentes de veuve et pour enfant de retraité
Parallèlement, le Conseil fédéral prépare une réforme touchant les rentes de survivants. Il souhaite limiter drastiquement les rentes de veuve, afin de générer des économies pouvant atteindre 350 millions de francs par an d’ici 2030 et près d’un milliard à long terme. Cette mesure prévoit que les veuves et veufs ne toucheront plus de rente à vie, mais seulement jusqu’aux 25 ans du plus jeune enfant. Les veuves sans enfant à charge perdront progressivement leur rente après une phase de transition de deux ans.
Ce projet soulève de vives oppositions. D’après le média, l’association de veuves Aurora critique cette réforme, tandis que le PS dénonce un démantèlement des acquis sociaux. Même l’UDC, qui avait initialement soutenu l’idée, s’est rétractée. Son président Marcel Dettling estime désormais que la Confédération doit d’abord réduire ses propres dépenses avant de faire peser ces économies sur les veuves.
Enfin, la suppression des rentes AVS pour enfant de retraité est également à l’étude. Actuellement, cette prestation permet aux retraités de percevoir une allocation supplémentaire équivalant à 20 % de leur rente pour chaque enfant de moins de 25 ans. Cette mesure représente un coût annuel de 230 millions de francs. Le Conseil national souhaite la supprimer et, en contrepartie, renforcer les prestations complémentaires destinées aux familles concernées.
Blick rappelle que le Conseil des États doit encore se prononcer sur cette suppression, mais que la commission sociale a choisi de suspendre l’examen du dossier. Elle attend d’abord de voir quelles seront les décisions concernant les rentes de veuve avant de se prononcer sur cette réforme.
Une réforme d’envergure prévue pour 2030
Au-delà des réformes immédiates, le Conseil fédéral travaille sur une refonte globale du système de l’AVS. Elisabeth Baume-Schneider a été chargée de présenter un projet visant à garantir la pérennité du système entre 2030 et 2040. Ce chantier inclura à la fois des mesures de financement et des ajustements structurels.
Parmi les pistes évoquées figure un possible relèvement de l’âge de la retraite, une option régulièrement soutenue par les partis bourgeois. D’autres modèles, comme une retraite flexible basée sur la durée de vie active, pourraient être envisagés. Blick rapporte que le gouvernement pourrait également explorer la possibilité d’un impôt national sur les successions pour alimenter le fonds de l’AVS.