AVS : une baisse des rentes des veuves pour financer une hausse pour les couples mariés

Une réforme de l’AVS envisage de réduire les rentes des veuves pour augmenter celles des couples mariés, divisant fortement la classe politique suisse.

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AVS : une baisse des rentes des veuves pour financer une hausse pour les couples mariés - © Sutterstock

Le Conseil national étudie un compromis controversé qui prévoit de réduire les rentes des veuves pour augmenter celles des couples mariés. Cette proposition soulève une vive opposition politique, illustrant la complexité de concilier équité sociale et équilibre budgétaire.

Alors que les rentes de survivants pourraient être plafonnées, la limite pour les couples mariés serait relevée. Une réforme qui redessine les contours de l’AVS au prix d’intenses négociations.

Un contre-projet au cœur des tensions

La commission des affaires sociales du Conseil national examine un contre-projet associant deux réformes distinctes. D’un côté, le Conseil fédéral vise une réduction notable des rentes de survivants, en supprimant les rentes à vie pour les veuves.

De l’autre, le Centre plaide pour une suppression de la pénalité de mariage, revendiquant une hausse du plafond des rentes pour les couples mariés, aujourd’hui limité à 150 % d’une rente AVS, soit 3780 francs par mois, contre 5040 francs pour deux concubins.

L’Union démocratique du centre (UDC) propose de fusionner ces deux volets. Elle conditionne l’acceptation d’une réduction des rentes des veuves à une augmentation du plafond pour les couples mariés à 175 %. Le président du parti, Marcel Dettling, et le chef de groupe Thomas Aeschi défendent cette approche dans la commission, explique Blick.

La gauche dénonce une politique antisociale

Cette tentative de compromis suscite l’indignation à gauche. Mattea Meyer, coprésidente du Parti socialiste, accuse l’UDC de vouloir « augmenter les rentes des couples sur le dos des veuves », rejetant toute réforme perçue comme antisociale.

Elle se dit prête à discuter d’une revalorisation des rentes pour les couples, mais seulement si certaines exonérations, comme celles accordées aux conjoints sans activité professionnelle, sont supprimées.

De son côté, le Parti libéral-radical (PLR) défend une rente individuelle indépendante du statut matrimonial. Selon Andri Silberschmidt, conseiller national, un plafond relevé à 165 % pourrait être envisagé, à condition d’une neutralité budgétaire. Il propose pour cela de supprimer certains suppléments, notamment ceux accordés aux veuves et veufs, indique également le média helvétique.

Des alliances incertaines et des lignes de fracture

Malgré les discussions, les positions restent profondément divisées. Une alliance entre l’UDC et le PLR ne totalise que 12 des 25 voix nécessaires au sein de la commission.

Le Parti vert’libéral pourrait faire pencher la balance. Patrick Hässig s’est dit ouvert à un compromis, à condition qu’il respecte l’équité intergénérationnelle et soit mis en œuvre progressivement.

Le Centre, à l’origine de l’initiative pour corriger la pénalité de mariage, refuse tout compromis qui opposerait veuves et couples mariés. Thomas Rechsteiner, conseiller national, insiste sur la nécessité de traiter séparément la réforme des rentes de survivants et celle des couples mariés. Il affirme qu’il s’agit avant tout « d’éliminer une injustice ».

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