Malgré un contexte économique et géopolitique incertain, Compenswiss a enregistré un rendement net de 7,33 % sur sa fortune de placement, qui s’élève désormais à 43,4 milliards de francs, tandis que les liquidités atteignent 2,7 milliards. L’ensemble des classes d’actifs, et en particulier les actions suisses et américaines ainsi que l’or, ont largement contribué à cette croissance financière.
Outre les performances des marchés financiers, l’augmentation du taux normal de TVA de 7,7 % à 8,1 % dans le cadre de la réforme AVS21 a joué un rôle déterminant dans cette progression. Cette hausse a permis d’apporter des ressources supplémentaires au fonds, offrant un répit aux finances de l’AVS. Toutefois, Eric Breval, directeur de Compenswiss, précise que cet effet reste temporaire et ne garantit pas une stabilisation durable du système.
Bien que ces résultats soient encourageants, ils ne suffisent pas à compenser les pertes passées. En 2022, le fonds avait enregistré une chute de -12,85 %, et malgré les hausses de +4,98 % en 2023 et +7,33 % en 2024, le rendement cumulé sur trois ans reste négatif (-1,8 %).
Une dette de l’AI difficile à résorber
Au-delà des performances de 2024, la dette de l’AI envers l’AVS, qui s’élève à 10 milliards de francs, continue de peser lourdement sur les finances du système. Selon Manuel Leuthold, président du conseil d’administration de Compenswiss, les perspectives financières de l’AI sont de plus en plus sombres. Le fonds AI, qui affiche une fortune de 3,8 milliards de francs, est en réalité en situation négative une fois sa dette prise en compte, atteignant un déficit réel d’environ -7 milliards.
Plusieurs facteurs expliquent cette détérioration. L’augmentation du nombre de nouvelles rentes AI, couplée à une baisse des taux de sortie, aggrave la situation financière du fonds. À cela s’ajoute l’idée d’une 13e rente AI, qui pourrait alourdir encore davantage les engagements futurs.
L’AVS menacée par la 13e rente vieillesse
Du côté de l’AVS, les projections ne sont guère plus rassurantes. L’introduction de la 13e rente vieillesse dès 2026 devrait entraîner un déficit de répartition immédiat, avec une prévision de -25 milliards de francs d’ici 2035, selon Compenswiss. Même avec une augmentation de la TVA de 0,7 % à partir de 2026, comme proposé par le Conseil fédéral, le déficit serait toujours de -2,5 milliards à l’horizon 2035.
Manuel Leuthold insiste sur la nécessité d’agir rapidement, soulignant que tout retard dans les décisions entraîne une augmentation exponentielle des coûts. Outre la 13e rente AVS, d’autres mesures, comme la suppression du plafonnement des rentes AVS pour les couples mariés dès 2030, risquent d’exercer une pression supplémentaire sur le système.
En revanche, le fonds des allocations pour perte de gain (APG) se distingue par une stabilité financière, ne rencontrant pas les mêmes difficultés que l’AVS et l’AI. Les résultats détaillés des trois assurances sociales seront publiés en avril 2025.