Alors que les négociations salariales de l’automne en Suisse battent leur plein, les espoirs des syndicats se heurtent à des prévisions économiques prudentes, prévoyant une croissance des salaires limitée.
Les syndicats revendiquent des hausses allant jusqu’à 5 %, mais les experts prévoient plutôt des augmentations salariales comprises entre 1 % et 2 %. Cette prudence est guidée par la faible inflation et les pressions sur certains secteurs clés de l’économie suisse.
Des revendications syndicales ambitieuses, mais peu probables
Avec l’inflation qui a rogné le pouvoir d’achat ces dernières années, les syndicats ont élevé leurs revendications pour 2025, exigeant jusqu’à 5 % d’augmentation. La Société suisse des employés de commerce a embrassé cette demande, considérant qu’un ajustement substantiel est nécessaire après les pertes de ces dernières années. En revanche, l’organisation Employés Suisse est plus modérée, appelant à une augmentation de 2,2 %.
Cependant, ces revendications ambitieuses semblent peu réalistes au vu des prévisions actuelles. Le Centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ (KOF) anticipe une augmentation des salaires de 1,4 % en 2025, légèrement inférieure à l’estimation de 1,5 % pour 2024. Plusieurs enquêtes soutiennent cette prévision. Par exemple, un sondage réalisé par Kienbaum en septembre 2024 auprès de 250 entreprises indique une augmentation moyenne attendue de 1,6 %. Une étude menée par la firme Know auprès de 200 responsables des ressources humaines prévoit également des hausses modestes, entre 1,3 % et 1,5 %.
Un secteur de la construction au centre des débats
Certaines branches, comme le secteur de la construction, pourraient tout de même bénéficier d’augmentations salariales plus significatives. Les syndicats du bâtiment réclament une hausse de 250 francs par mois, ainsi qu’une augmentation des indemnités pour les repas. Si les employeurs restent ouverts aux discussions, ils privilégient des augmentation salariales basées sur la performance individuelle plutôt que sur des hausses généralisées.
Il est intéressant de noter que, contrairement à d’autres secteurs, la construction a réussi à maintenir le pouvoir d’achat de ses employés ces dernières années. Entre 2019 et 2023, les salaires des employés sous la convention nationale ont augmenté de 6 %, ce qui pourrait inciter les employeurs à modérer leurs propositions pour 2025, arguant que le secteur a déjà bien rémunéré ses salariés par rapport à d’autres branches.
L’inflation en baisse, une légère reprise du pouvoir d’achat en vue
Malgré ces hausses limitées, la baisse de l’inflation en 2025 devrait permettre une légère amélioration du pouvoir d’achat. Après avoir atteint des sommets ces dernières années, l’inflation est désormais estimée à 0,8% en 2024 et pourrait baisser à 0,6 ou 0,7% en 2025, selon les prévisions de la Banque nationale suisse (BNS) et du KOF. Cette tendance permettrait aux augmentations salariales, même modestes, de se traduire par un gain réel de pouvoir d’achat pour les salariés.
Cependant, certains secteurs, notamment l’industrie exportatrice et les technologies, continuent de souffrir de la faiblesse de la demande mondiale. Le secteur bancaire, quant à lui, est ralenti par l’inversion des taux d’intérêt, rendant les marges de manœuvre pour des augmentations salariales plus limitées. Néanmoins, une légère amélioration du pouvoir d’achat semble inévitable, marquant ainsi la fin de plusieurs années de stagnation.