L’escroquerie se déroule sous le nom d’Investico, une société qui semble proposer une plateforme de trading, spécialisée dans des investissements sur le marché des devises, l’or et le pétrole.
Le cas de Christian, un Vaudois de 72 ans, est emblématique de cette fraude. Alors qu’il se trouve alité à l’hôpital et se divertit sur son téléphone, il tombe sur une annonce indiquant : « Investissez 265 francs et vous pouvez gagner jusqu’à 6000 francs« .
Après s’être inscrit sur le site, il reçoit un appel d’un soi-disant trader qui lui propose de l’accompagner dans ses premiers investissements. Christian, peu familier avec le monde du trading, se laisse convaincre et suit les instructions de son soi-disant conseiller. Au début, les investissements semblent porter leurs fruits, et Christian commence à voir un léger bénéfice, rapporte Watson.
L’escalade des demandes d’investissement
Les choses prennent une tournure inquiétante lorsque le trader lui conseille d’investir davantage, en mettant l’accent sur des produits financiers à fort potentiel comme le pétrole et l’or.
Même lorsque Christian exprime ses préoccupations, soulignant qu’il est retraité et qu’il ne dispose pas de grandes ressources financières, la pression s’intensifie. Le soi-disant trader lui raconte l’histoire d’un ami de son réseau qui, après avoir investi 80 000 euros, est devenu millionnaire. Cela incite Christian à prendre plus de risques.
Les demandes d’investissement se font de plus en plus insistantes, avec des montants toujours plus élevés. Le trader pousse même Christian à retirer 25 000 francs de la banque pour les investir.
Cependant, celui-ci hésite à se rendre à la banque pour une telle somme, et une fois que sa carte de crédit atteint sa limite, il ne peut plus continuer à investir. Les pressions deviennent alors de plus en plus lourdes, et Christian finit par investir un total de 5000 francs via Investico.
Les tentatives pour retirer les fonds : l’impasse
Après avoir réussi à amasser environ 5400 francs grâce à ses investissements, Christian cherche à retirer une partie de son argent pour régler des dettes. C’est à ce moment-là que l’arnaque prend toute son ampleur.
Lorsqu’il tente de retirer ses fonds, il fait face à une série de refus et à des demandes incompréhensibles. On lui dit qu’il doit remplir des formulaires administratifs, ce qu’il fait avec l’aide d’un de ses enfants. Mais rien n’y fait : les transactions sont bloquées.
Les arnaqueurs lui conseillent alors d’acheter une carte prépayée pour y verser de l’argent supplémentaire. Ils insistent sur le fait qu’il doit investir encore 3000 francs pour pouvoir retirer la totalité de son portefeuille.
Après avoir suivi leurs instructions, il se rend à la banque pour retirer une nouvelle somme importante, dans l’espoir de récupérer ses gains. Mais une fois encore, ces nouveaux investissements ne débouchent sur aucun retrait d’argent. Finalement, Christian se rend compte que les 6000 francs (plus les bénéfices) qu’il pensait avoir gagnés ont disparu.
L’ampleur de la fraude et l’impunité des escrocs
Christian décide alors de porter plainte, mais les experts du secteur bancaire se montrent pessimistes. Selon eux, une fois qu’un paiement a été validé par le client lui-même, les banques suisses n’interviennent pas.
Les mécanismes de détection des fraudes bancaires, pourtant réputés pour leur efficacité, ont échoué à stopper l’arnaque. Les spécialistes expliquent que la première transaction, d’un montant de 250 francs, a permis à Investico de contourner le système de sécurité bancaire, ce qui a ensuite facilité le processus frauduleux.
Investico est dans le viseur des autorités suisses, mais continue de sévir. Depuis septembre 2024, l’OFCS a enregistré 18 signalements concernant le site web investico.com. Ce dernier figure d’ailleurs sur la liste d’avertissement de cybercrimepolice.ch depuis le 2 octobre 2024.
De son côté, la FINMA (Autorité de surveillance des marchés financiers) a confirmé qu’Investico ne dispose d’aucune licence officielle. Elle met en garde les investisseurs en recommandant de consulter d’autres listes d’avertissement, comme celles de la police cantonale zurichoise ou du réseau international I-SCAN.
La fraude sur le marché du Forex : un terrain propice aux abus
L’arnaque s’appuie sur un système financier bien connu, celui du Forex, un marché des devises extrêmement volatil. Bien qu’il soit l’un des marchés financiers les plus liquides et importants au monde, il attire aussi des arnaqueurs qui se dissimulent sous des apparences de professionnalisme.
D’ailleurs, la société Investico est enregistrée à Hong Kong, mais son adresse de gestion est fictive, selon des recherches menées par des experts. Le site indique que l’entreprise est gérée par une société d’investissement sud-africaine, Faraz Financial Services (PTY) Limited, mais l’adresse donnée sur le site mène à un barbier, ce qui renforce les soupçons de fraude.
Investico ne fournit aucun document légitime confirmant la régularité de ses activités, ce qui constitue un indice supplémentaire de son caractère frauduleux. La majorité des avis sur internet concernant cette plateforme mentionnent des tentatives infructueuses de retrait de fonds, ce qui renforce la réputation de cette arnaque.
Les experts soulignent que la sophistication des arnaques actuelles est alarmante. Les fraudeurs sont de plus en plus renseignés sur les méthodes de sécurité des banques et savent comment contourner les systèmes mis en place pour les prévenir.








