Assurance maladie en Suisse : vers une augmentation de la franchise minimale de 300 francs

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La franchise minimale de 300 francs pour l’assurance maladie en Suisse pourrait bientôt disparaître. En effet, le Conseil fédéral soutient une augmentation de cette franchise pour contrer la hausse des coûts de la santé, une mesure qui affecterait directement environ 44 % de la population.

Toutefois, cette proposition, portée par l’Union démocratique du centre (UDC), suscite de vives critiques, notamment de la part des syndicats et des économistes, qui mettent en avant les risques pour les seniors et les personnes souffrant de maladies chroniques.

Un projet soutenu par le Conseil fédéral

Le Conseil fédéral suisse a donné son appui à une proposition visant à revoir à la hausse la franchise minimale de l’assurance maladie, actuellement fixée à 300 francs. Cette initiative, soutenue par l’UDC, répond à la nécessité de maîtriser les coûts de la santé en Suisse, qui ne cessent de grimper.

Selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), environ 44 % de la population, soit près de trois-millions de personnes, seraient directement concernés par cette modification. Seuls les enfants, qui bénéficient de franchises généralement nulles, ne seraient pas affectés par cette mesure.

Les parlementaires UDC, Diana Gutjahr et Esther Friedli, à l’origine de la proposition, avancent que l’augmentation de la franchise permettrait de légèrement diminuer les primes d’assurance et de freiner leur future hausse. Le montant précis de l’augmentation n’a pas encore été déterminé, mais une hausse à 400 francs a été évoquée.

Les critiques et les craintes pour les plus vulnérables

Cette initiative suscite de vives critiques, particulièrement de la part des syndicats et des économistes de la santé. Reto Wyss, secrétaire général de l’Union syndicale suisse, exprime son inquiétude face à ce qu’il considère comme une « nouvelle attaque contre le pouvoir d’achat », avertissant que cette mesure alourdirait encore le coût des soins pour la population.

Les seniors et les personnes atteintes de maladies chroniques, qui choisissent fréquemment la franchise minimale de 300 francs en raison de leurs besoins médicaux constants, seraient particulièrement touchés par cette hausse. Les chiffres montrent que plus l’âge est élevé, plus la proportion d’assurés ayant choisi la franchise minimale est importante. Ainsi, près de la moitié des personnes âgées de 61 à 65 ans ont opté pour cette franchise, et cette proportion augmente encore dans les classes d’âge supérieures.

Simon Wieser, économiste de la santé à la ZHAW, est sceptique quant à l’efficacité de cette mesure pour réduire les coûts de la santé. Il souligne que les personnes choisissant la franchise la plus basse ont déjà des coûts de santé élevés et ne pourront pas soudainement réduire leur consommation de soins. Selon lui, cette augmentation ne ferait que transférer les coûts vers les assurés, sans impact significatif sur les primes.

Un débat parlementaire décisif

Le Parlement suisse est maintenant appelé à se prononcer sur cette proposition d’augmentation de la franchise minimale. Si le soutien du Conseil fédéral augmente les chances d’adoption, la mesure reste controversée. En 2019, un projet similaire avait été rejeté suite à une alliance entre l’UDC et la gauche, qui avaient alors enterré le projet. Aujourd’hui, l’UDC plaide pour une adaptation régulière de la franchise minimale afin de suivre l’évolution des coûts de la santé.

Les critiques, notamment de la part de l’économiste de la santé Heinz Locher, ne manquent pas. Il qualifie cette mesure d’« irresponsable du point de vue de la politique sociale » et d’« inefficace du point de vue de la politique de la santé », arguant qu’elle désavantagerait les groupes déjà vulnérables.

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