Jusqu’à présent, les consommateurs suisses n’avaient d’autre choix que de souscrire leur électricité auprès d’entreprises parapubliques locales. Selon leur lieu de résidence, ils s’approvisionnent, par exemple, auprès des Services industriels genevois à Carouge ou d’Oiken à Hérémence. Cet accord prévoit une libéralisation qui permettra aux ménages de choisir librement leur fournisseur d’électricité, y compris à l’étranger, avec des acteurs comme EDF en France ou Energias au Portugal.
Le Conseil fédéral espère que cette ouverture dynamisera la concurrence, entraînant une baisse des prix pour les ménages. Toutefois, cette perspective est loin d’être garantie. Les marchés européens, déjà libéralisés, pratiquent des tarifs souvent plus élevés que ceux de la Suisse. En outre, les prix sur un marché ouvert fluctuent davantage, exposant certains consommateurs à des hausses imprévues, comme cela a été observé récemment chez des entreprises suisses ayant opté pour le marché libre.
Une sécurité énergétique négociée
Pour obtenir cet accord, la Suisse a négocié des garanties en matière de sécurité d’approvisionnement énergétique. Les États voisins s’engagent à ne pas restreindre leurs exportations d’électricité vers la Suisse, même en cas de crise énergétique. Cet engagement est particulièrement stratégique pour un pays qui dépend fortement des importations durant les mois d’hiver.
La Suisse fait face à des défis structurels pour assurer son autosuffisance énergétique. Les performances des parcs solaires alpins ne répondent pas aux attentes, et la construction de nouveaux barrages hydrauliques nécessite plusieurs décennies. De plus, l’avenir du nucléaire reste incertain malgré les débats en cours. Dans ce contexte, les termes de l’accord offrent une certaine protection contre les pénuries, bien que cela implique l’ouverture du marché aux entreprises européennes.
Une validation politique et populaire en suspens
Avant de devenir réalité, cet accord devra passer par une validation parlementaire et, potentiellement, par un référendum populaire. En 2002, les Suisses avaient déjà rejeté une proposition de libéralisation totale du marché de l’électricité. Ce précédent, bien que différent dans sa forme, souligne les sensibilités liées à cette question. Les débats à venir mettront en lumière les attentes des consommateurs, partagés entre la perspective d’économies et les craintes liées à la volatilité des prix.